dimanche 31 janvier 2010

Site de Santé sans file

La compagnie Myca, une entreprise privée de Québec, devrait offrir, dès la fin du mois de mai, un service de consultation médicale à distance au moyen d'Internet.

Ce site novateur, baptisé « Santé sans file », permettra aux patients de discuter avec un médecin par l'intermédiaire d'une caméra web.

Les intéressés devront d'abord s'inscrire sur le site Internet. Ils pourront ensuite consulter un spécialiste, normalement dans un délai d'environ trois heures. Des frais de 10 $ par mois seront exigés aux membres. Chaque consultation coûtera une cinquantaine de dollars.
Yves Dugré

Yves Dugré

Le Dr Yves Dugré, vice-président aux affaires médicales de l'entreprise, précise toutefois que dans certains cas, les individus devront être référés aux services médicaux traditionnels. Les médecins, explique-t-il, feront des recommandations à partir des connaissances qu'ils ont de leurs patients et ces informations risquent parfois d'être insuffisantes pour leur permettre de poser un diagnostic.

De son côté, le ministre de la Santé, Philippe Couillard, s'interroge sur l'éthique et la légalité de ce type d'entreprise. Il a d'ailleurs demandé à la Régie de l'assurance maladie du Québec de se pencher sur le dossier.

En outre, le Collège des médecins du Québec s'inquiète quant à la confidentialité des dossiers médicaux. L'exercice de la médecine sur le web, suppose le Dr Yves Robert, secrétaire de l'organisation, comporte des risques d'infiltration.

Réactions mitigées
Éric Caire, porte-parole de l'opposition officielle en matière de santé

Éric Caire

Cette nouvelle a suscité diverses réactions dans le milieu politique. L'Action démocratique du Québec (ADQ) s'est dit ouvert à la formule. « Moi, je suis favorable à ça », a indiqué le porte-parole de l'opposition officielle en matière de santé, Éric Caire.

Pour lui, cette formule présente plusieurs avantages, comme l'accès rapide à un médecin, la baisse de l'achalandage dans les cliniques, le mélange intéressant de privé-public.

M. Caire a écorché au passage le ministre de la Santé, qui, à ses yeux, « stigmatise systématiquement les initiatives du privé » en santé.
Bernard Drainville, porte-parole du deuxième groupe d'opposition en matière de santé

Bernard Drainville

Autre parti, autre réaction. Le Parti québécois (PQ) se montre très inquiet. « On manque de médecins, on a de la difficulté à voir un médecin de famille, et on va prendre des médecins et on va les mettre au privé sur Internet? », s'est interrogé le porte-parole en santé du PQ, Bernard Drainville.

Il a expliqué que le Québec devrait mettre toute son énergie à convaincre les jeunes médecins de pratiquer la médecine familiale. « Il n'y a jamais rien qui va remplacer le contact physique », a ajouté M. Drainville, selon lequel la consultation en ligne est difficilement défendable sur le plan moral.

Pour sa part, le porte-parole de Québec solidaire, Amir Khadir, lui-même médecin, s'est dit farouchement contre cette initiative, qui est, d'après lui, incompatible avec le principe d'universalité des soins.