vendredi 25 avril 2014

Bonjour l'arnaque...

Pharmacien et kiné, on a voulu s’installer au Québec : bonjour l’arnaque

Antoine Roberton
source: http://blogs.rue89.nouvelobs.com/quebecoscope/2014/03/29/pharmacien-et-kine-voulu-sinstaller-au-quebec-bonjour-larnaque-232543
Publié le 29/03/2014 à 18h57

Nicolas sarkozy reçoit Jean Charest à l’Elysée en novembre 2010 (Christophe Ena/AP/Sipa)
Le 17 octobre 2008, Jean Charest, Premier ministre du Québec de l’époque, et Nicolas Sarkozy signaient une entente pour faciliter la mobilité des professionnels entre la France et le Québec.
Making of
Antoine Roberton, pharmacien de 34 ans aujourd’hui installé dans le sud de la France, est parti au Québec avec sa compagne kiné en profitant de l’entente mobilité entre les deux pays.
Il a été très désagréablement surpris de son expérience et a voulu en témoigner dans une tribune. Marie Pâris


Un peu partout en France, des conférences ont été organisées pour présenter le Canada et le Québec aux nombreux Français tentés de diversifier leur expérience dans ce pays, ravi quant à lui d’accueillir des professionnels qualifiés formés gratuitement et dont il manque cruellement.
Pourtant, même pour les candidats enthousiastes, la désillusion peut être grande. Une fois votre décision prise, l’administration mettra à rude épreuve votre motivation.
Il faut compter environ deux ans de procédures, 2 500 dollars de frais et la constitution d’un invraisemblable dossier pour récupérer votre visa, où l’on vous demandera de produire des documents aussi essentiels que vos relevés de notes depuis l’âge de 10 ans, de décrire la durée de chacun de vos voyages et de donner toutes les adresses que vous avez occupées depuis l’âge de 18 ans.

Le casse-tête de l’équivalence du diplôme

La pratique intensive du yoga est fortement conseillée. Pendant toute cette période, vous ne pourrez pas savoir où en est votre dossier, si vous allez partir dans un an ou si le feu vert va vous être donné dans un mois, sachant qu’une fois l’accord donné, vous avez six mois et pas un jour de plus pour vous rendre à destination.
Si vous vous rendez à l’ambassade du Canada pour demander des informations sur l’avancement de votre dossier, alors que vous commencez à exaspérer de toujours être dans l’attente, vous serez éconduit sans ménagement.
Une fois ce marathon administratif terminé et fraîchement débarqué au Québec, vous n’êtes pas au bout de vos peines car vient le temps de l’équivalence de diplômes. Vous serez soumis à des mesures compensatoires variées selon l’aboutissement des discussions entre les ordres professionnels de chaque pays.
Dans mon cas, titulaire d’un doctorat en pharmacie d’une université française, le principal couperet représente le passage d’un examen, que les pharmaciens québécois n’ont d’ailleurs pas à faire pour exercer dans leur province. Le taux de succès est très faible, et aucun retour – ni note, ni commentaire – ne vous sera remis si vous le ratez (contrairement aux autres candidats).
Vous pourrez néanmoins le repasser, moyennant des frais de 1 500 dollars à chaque fois et en étant patient, puisqu’il n’y a que deux sessions par an. Mais réjouissez-vous : un dentiste qui veut s’installer au Québec se verra soulagé de 15 000 dollars pour effectuer un stage de six mois…

Coordinateur injoignable

Le cas de ma conjointe, diplômée en masso-kinésithérapie d’une université ayant des équivalences avec l’université du Québec à Montréal (UQAM), est plus absurde.
Cela avait pourtant bien commencé puisque le ministère de l’Immigration et des Communautés culturelles avait validé ses années d’études. Malheureusement, cet avis n’est que consultatif auprès de l’Ordre des physiothérapeutes du Québec.
Dès notre arrivée, la communication avec le coordinateur à l’admission a été compliquée. Après plusieurs mois à le côtoyer, notre hypothèse la plus probable est que son bureau, telle l’île de la série « Lost », voyage perpétuellement dans le temps et l’espace.
La conséquence fâcheuse est qu’il n’est pas joignable durant plusieurs semaines, en tout cas par aucun moyen de communication actuellement connu. Même quand la réceptionniste nous assure de sa présence dans le bâtiment…

Dix-huit mois à la fac pour un permis d’exercice

La commission chargée d’évaluer le dossier de ma conjointe, c’est sûr, voyage dans le temps. Elle était initialement prévue en août (quatre mois après notre arrivée), et on nous prévient fin juillet qu’elle aura lieu en septembre, puis en septembre que c’est pour octobre, et mi-octobre que cette fois c’est certain, tout est fin prêt pour la mi-décembre, et qu’on s’engage à nous communiquer les résultats dès le lendemain.
Fin décembre, après de nombreux coups de téléphone sans réponse, le coordinateur répond courageusement à notre e-mail : comme il manquait un document dont nous n’avons jamais entendu parler, le dossier n’a pu être étudié… La commission est reportée fin janvier.
Bénéficiant sans doute d’un alignement exceptionnel des planètes, nous obtenons un rendez-vous avec le coordinateur huit mois après notre arrivée, pour comprendre rapidement qu’il n’y a aucun espoir d’obtenir un permis d’exercice à moins de repartir 18 mois à l’université ; ou de passer un examen de pratique facturé 1 000 dollars que l’on peut réussir « si l’on est vraiment excellent dans toutes les matières ».
Quand on pose la question du taux de réussite, on n’obtient en retour qu’un sourire gêné. Mais cette fois, nous n’attendrons pas les résultats de la commission – que nous n’avons d’ailleurs toujours pas, notre billet d’avion retour est réservé.

La belle entente, un pétard mouillé

Nous quitterons donc le Québec sur ces malentendus, avec le désagréable sentiment de s’être fait un peu arnaquer, et perplexes devant l’observation d’un système de santé qui agonise, faute de professionnels, mais dont l’accès reste verrouillé à double tour par les Ordres.
Avec la diminution du nombre de statuts de résidents permanents accordés aux travailleurs qualifiés, la belle entente va de toute façon rapidement avoir l’effet d’un pétard mouillé.
L’exemple des médecins français est parlant : après quatre ans de fonctionnement, les ARM (arrangements de reconnaissance mutuelle) ont retenu moins d’une centaine de praticiens et sont désormais fermés à deux-tiers des spécialités.
Dommage ! Au moins les Québécois viendront-ils peut-être exercer en France. Pour mes confrères pharmaciens, seul un stage de six mois est exigé.

Avant de partir au Québec...

Suivez les aventures de Michel et Jade...ils vous racontent comment ils ont vécu leur départ, leur installation, leur vécu. Un livre rempli d'informations vraies, qui vous expliquent les pièges à éviter, les procédures à suivre pour réussir au mieux votre expatriation. Ce livre est une synthèse de la vie des immigrants qui partent s'installer au Québec, une RÉFÉRENCE !! A lire absolument... (cliquez sur l'image)

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Nathalie Mesere auteure du livre « Quitter La Réunion pour le Canada », paru en 2010 sur le site : Thebookedition.com, dans la collection :" l’autre bout du monde".

Il s’agit d’un récit de vie, de voyage et d’un documentaire, non autobiographique racontant l’expatriation d’un couple au Québec.
Résumé de l'auteure:
C’est l’histoire de Jade une Réunionnaise de 30 ans qui a tout pour être heureuse et qui décide de quitter son île natale pour suivre son époux Michel,  dont le rêve est de s’installer au Québec.
Elle raconte toute son histoire depuis le stade de projet, jusqu’à leur intégration sur place. Elle nous parle de tout le chamboulement de vie que cela implique au niveau familial professionnel, personnel, social…
Arrivés au Québec, tous les deux découvrent : un pays fascinant tel présenté dans la presse et sur Internet, mais aussi, une réalité imperceptible en tant que simple touriste. Ils ne s’attendaient pas à faire face à l’envers du décor.