vendredi 30 avril 2010

le français au Québec en régression...

Bernard Landry s’inquiète de la situation du français à Montréal


Bernard Landry a donné une conférence à des étudiants de l'ESG, samedi.
Photo : Joël Lemay
Sans vouloir les qualifier d’alarmistes, les récents résultats sur la situation du français à Montréal que le député Pierre Curzi a rendus publics mercredi sont tout de même considérés comme « inquiétants » par l’ancien premier ministre Bernard Landry. Rencontré par 24H samedi, alors qu’il était invité comme conférencier par les étudiants de l’École des sciences de la gestion (ESG) de l’UQÀM, il a affirmé que l’étude mettait en lumière ce que lui-même observe déjà dans la métropole, soit une trop grande présence de l’anglais.
« Ce n’est pas surprenant. On le voit déjà à Montréal. Ça me confirme qu’il ne faut prendre aucun risque et le principal risque est de faire partie du Canada, ce pays dit bilingue », déclare-t-il en ajoutant que l’étude démontre « l’urgence » que le Québec devienne indépendant.
L’étude en question faisait entre autres état de la possibilité que les francophones soient minoritaires à Montréal dans à peine six ans.
À son avis, puisque les immigrants du Québec se savent dans un pays bilingue, ils préfèrent « rejoindre la majorité du Canada : les anglophones, plutôt que la minorité francophone ».
En marge d’une dictée que quelque 80 étudiants de l’ESG ont effectuée avant sa conférence, M. Landry a affirmé que la qualité de la langue et l’attachement des citoyens à cette dernière jouent un rôle important dans sa présence à Montréal.
« Si on l’aime et si on la veut belle, c’est plus facile de la transmettre », souligne-t-il.
Dictée réussie
Les étudiants ont d’ailleurs tenté de prouver qu’ils l’aimaient suffisamment pour la maîtriser, samedi, alors que se tenait la première édition de la Dictée ESG.
Cet exercice se voulait une réponse à une récente sortie publique du professeur au département de marketing, Pierre Filiatrault, dans laquelle il déplorait que les étudiants en gestion « ne savent ni lire ni écrire ».
« Même s’il n’a pas complètement tort, il ne faut pas généraliser », indique celle qui est à l’origine de l’idée de la dictée, Audrey Jacques, une diplômée au Baccalauréat en comptabilité.
Cette dernière croit que si certains ne maîtrisent pas le français, c’est que dans le monde des affaires où l’anglais est omniprésent, « on na valorise pas assez la langue française écrite ».
Au moment de mettre en ligne, les trois meilleurs résultats, les seuls que les organisateurs rendaient publics samedi, n’étaient pas encore disponibles. Les correcteurs affirmaient toutefois être « agréablement surpris » par le peu de fautes que contenaient les dictées.
stephanie.saucier@24-heures.ca

Lettres - Une immigrante qui veut s'intégrer en français

http://www.ledevoir.com
Roxana Rivera Valle - Montréal, le 13 avril 2010
 
Je me sens très triste et déçue. L'annonce, jeudi dernier, des coupes dans les cours de français a été très choquante pour moi et je ne pouvais pas pleurer devant de mes collègues, mais ils ont commencé à pleurer parce que tout le monde a eu un plan pour ces mois. Cette nouvelle de dernière minute a brisé nos coeurs, en plus de tout ce que j'ai fait pour étudier le français afin d'améliorer ma vie!

À mon avis, le ministère a un double discours: il nous dit qu'on doit parler français, mais en même temps, il nous coupe le cours de francisation. Je ne comprends pas pourquoi! Quand je suis arrivée chez moi, je me sentais déprimée. Tout à coup j'ai senti quelques larmes sur mon visage et j'ai pleuré d'impuissance et de colère.

Je m'appelle Roxana et je suis immigrante péruvienne et enseignante au niveau secondaire. Je suis arrivée à Montréal le 12 septembre 2009 après avoir réussi tous les tests que le gouvernement du Québec et l'ambassade du Canada m'ont demandés pendant trois longues années. Je suis arrivée pleine d'espoir de progresser dans cette belle nation ainsi que de contribuer avec mon expérience d'enseignante dans une école secondaire d'ici.

Je savais depuis de mon arrivée qu'il fallait que je suive le cours de français de niveau avancé que le ministère de l'Immigration offre à tous les nouveaux arrivants afin de nous intégrer à la société québécoise et au marché du travail mais, aujourd'hui, je me demande: si j'ai moi-même respecté tout ce que m'ont demandé les autorités avant de venir ici, pourquoi à la dernière minute, on m'informe que les cours sont coupés? Cette nouvelle a brisé mes rêves et les plans que j'avais déjà faits pour les mois suivants, et ceux, je crois, de plusieurs de mes collèges. À mon avis, ce n'est pas juste. Cette décision est difficile pour moi comme professionnelle immigrante qui veut s'intégrer à la société québécoise quand le français est l'outil de travail et surtout quand il est d'une exigence pour obtenir le permis d'enseignement.

J'espère que la ministre de l'Immigration va réfléchir et changer d'opinion et reconsidérer sa décision.

Francisation des immigrants - Québec coupe encore

Robert Dutrisac   22 avril 2010
http://www.ledevoir.com 
Québec — Après la fermeture de 30 classes de francisation décrétée par le ministère de l'Immigration et des Communautés culturelles (MICC), c'est au tour d'Emploi-Québec d'abolir des classes de français destinées aux immigrants en raison de compressions budgétaires.

Libre opinion - Franciser les nouveaux arrivants est un investissement

http://www.ledevoir.com
André Jacob - Coordonnateur de l'Observatoire international sur le racisme et les discriminations de l'UQAM  27 avril 2010
 
Lors du dépôt du dernier budget, le gouvernement Charest a supprimé 31 cours d'apprentissage du français permettant à de nouveaux immigrants de perfectionner leur maîtrise de la langue.

Ce coup de ciseaux est presque passé inaperçu. Présumant peut-être que les nouveaux citoyens n'allaient pas protester, on a fait disparaître aussi le Conseil des relations interculturelles, et notre organisme a aussi vu sa maigre subvention réduite radicalement de 100 % (17 000 $).

Aujourd'hui, on découvre des compressions supplémentaires (600 000 $) dans le Fonds de développement du marché du travail. Les timides réactions à ces nouvelles positions gouvernementales ne permettent pas de faire voir la vraie nature du problème: de brefs commentaires dans les médias, quelques centaines de personnes à une marche de protestation, une modeste pétition circule sur Internet, sans plus.

Comment se dessine le fond de scène? Le gouvernement du Québec sait très bien que l'intégration au marché du travail s'avère passablement plus difficile pour les travailleurs immigrants que pour la population en général, ce qu'admet d'emblée un rapport publié par le ministère de l'Immigration et des Communautés culturelles paru en novembre 2009 (Les Immigrants et le marché du travail en 2008). En 2008, le taux de chômage était de 17,4 % chez les immigrants qui comptaient moins de cinq ans de résidence, et je cite pour ajouter au sens de ces données: «C'est au Québec que les écarts entre les immigrants et la population totale et la population native sont les plus élevés. [...] La connaissance du français, la reconnaissance des acquis et la discrimination pourraient constituer des éléments d'explication supplémentaires, puisque les démarches nécessaires à l'apprentissage du français et à la reconnaissance des acquis, notamment, tendent à retarder l'entrée sur le marché du travail ou la capacité à trouver un emploi.» (p. 4-5). Tout cela alors que plusieurs institutions et entreprises privées cherchent du personnel qualifié.


Pour le gouvernement du Québec, «franciser les immigrants» rapidement devrait être davantage un investissement stratégique important qu'une dépense; la formation des immigrants n'ayant rien coûté à l'État, ce dernier doit les outiller à participer à la vie sociale, économique et culturelle rapidement, car ces gens deviendront des contributeurs au développement socio-économique par leur expertise, leur capacité de consommation, d'investissement et le paiement des impôts et des taxes.

Sur le plan de la dynamique de la vie en société, et dans une vision plus globale, qu'impliquent ces compressions? En premier lieu, il s'agit d'une forme de discrimination systémique dans le sens défini par la Cour suprême du Canada comme «une situation d'inégalité cumulative et dynamique résultant de l'interaction, sur le marché du travail, de pratiques, de décisions ou de comportements, individuels ou institutionnels, ayant des effets préjudiciables, voulus ou non, sur les membres de groupes visés par l'article 15 de la Charte» (jugement ATF c C.N.).

Les compressions dans ce programme de francisation représentent une forme subtile, sournoise, mais non moins tenace et réelle de discrimination. En termes simples, ce geste du gouvernement empêche les nouveaux arrivants d'accéder rapidement à un emploi et se trouve ainsi à brimer leur droit à l'égalité des chances. En somme, il s'agit d'une différence de traitement par rapport à d'autres groupes de la société, ce qui correspond justement au sens de ce que signifie la discrimination. [...]

En supprimant les cours de perfectionnement du français aux immigrants, on fait reposer l'entière responsabilité sur leurs épaules. D'ailleurs, la ministre de l'Immigration, madame Yolande James, riposte en ce sens en déclarant que les immigrants peuvent avoir accès au français en suivant des programmes sur internet... Étonnant! Une telle façon de faire reste insuffisante, d'autant plus qu'aucun employeur n'est tenu de soutenir un travailleur dans l'amélioration de son français. Le gouvernement devrait réviser sa position et rétablir l'accès à ses cours.

***

André Jacob - Coordonnateur de l'Observatoire international sur le racisme et les discriminations de l'UQAM

mercredi 28 avril 2010

Encore un...Visiblement le Canada persiste et signe à ne pas vouloir d'handicapés sur son territoire !

Élève lourdement handicapée - La CSDM retire la petite Lucie d'une classe ordinaire

Lisa-Marie Gervais   28 avril 2010
Anne-Lise Polo, la mère de Lucie, âgée de sept ans, était profondément déçue de la décision annoncée hier soir par la CSDM. Lourdement handicapée, sa fille fréquentait depuis septembre une école non spécialisée.
Photo : Jacques Nadeau - Le Devoir
 
Anne-Lise Polo, la mère de Lucie, âgée de sept ans, était profondément déçue de la décision annoncée hier soir par la CSDM. Lourdement handicapée, sa fille fréquentait depuis septembre une école non spécialisée.
La petite Lucie, lourdement handicapée, ne pourra plus fréquenter l'école alternative Élan, où elle avait été intégrée en classe ordinaire. Rendue publique hier, cette décision prise par le Conseil des commissaires de la Commission scolaire de Montréal (CSDM) promet de relancer le débat sur l'intégration des enfants en difficulté.

lundi 26 avril 2010

Barlagnes, Merlin, et handicapés diverses ...le Canada bloque les "fardeaux"


Christel De Taddeo - Le Journal du Dimanche
Samedi 20 Février 2010
http://www.lejdd.fr

Merlin, 8 ans, un "fardeau" pour le Canada

Parce que leur fils est porteur de la trisomie 21, Sophie et Cédric ne pourront jamais s’installer au Canada. La famille est interdite de territoire.
Leur enfant représentait un "fardeau excessif", selon les services de l’immigration canadienne, qui les a déboutés de leurs demandes de visas permanents. "Nous faire rejeter à cause de notre fils a été un choc, témoigne aujourd’hui Sophie. Nous avons trouvé cela terriblement injuste." Merlin est porteur de la trisomie 21 et désormais persona non grata au Canada.
Le refus est tombé en juillet 2006. Douloureuse délivrance après cinq années de procédure durant lesquelles ce couple de Franciliens a mis sa vie entre parenthèses. "Nous étions soulagés d’avoir une réponse: nous allions enfin pouvoir passer à autre chose", raconte Cédric, même s’il n’avait jamais imaginé devoir renoncer à leur projet. "Pour nous, notre départ était simplement retardé." Sophie et Cédric avaient obtenu le certificat de sélection québécois en 2001, peu de temps avant la naissance de Merlin, sans se douter un seul instant que leur projet serait ajourné par la visite médicale obligatoire. Ce sont même eux qui ont indiqué au médecin que leur bébé est trisomique. "Lui n’avait rien remarqué", soupire Sophie, ne pouvant s’empêcher de penser que, s’ils n’avaient rien dit, ils seraient sans doute résidents canadiens aujourd’hui.

"Merlin devrait s’intégrer sans difficulté en école maternelle"

Lorsque, six mois plus tard, le service de l’immigration leur demande une première fois des informations sur l’évolution de leur enfant, le couple commence à chercher des renseignements sur Internet. Découvre l’expression "fardeau excessif". Décide de se faire assister par un avocat canadien qui pourra défendre leur dossier sur place. "Cela nous a coûté une petite fortune, concède Cédric: toutes nos économies pour notre nouvelle vie au Canada."
Deux fois par an, durant cinq ans, ils ont donc rendu compte de l’état de santé de leur fils. Et ne comprennent toujours pas la décision des services de l’immigration, rendue en juillet 2006 mais très vraisemblablement prise en fait depuis 2003, comme le laissent entendre des échanges de mails entre médecins canadiens.
Les spécialistes qui suivaient Merlin ont rédigé de multiples courriers attestant de ses progrès encourageants en motricité comme en orthophonie. Merlin, "très bien entouré par sa famille où règne un climat chaleureux", présente "un bon développement psychomoteur" et "devrait être autonome dans la vie quotidienne dans les années à venir", indiquait ainsi la généticienne française qui suivait l’enfant, estimant que, "compte tenu de ce développement harmonieux et régulier, Merlin devrait s’intégrer sans difficulté en école maternelle et participer aux activités offertes aux enfants à l’école et sur la ville". La directrice de la crèche, elle, décrira un enfant qui "déborde de curiosité, d’activité, de joie de vivre, et le prouve à tout instant", faisant "chaque jour de nouvelles acquisitions qui l’enthousiasment".

"Cela restera un regret"

Cédric regarde son fils grandir et ne comprend toujours pas comment les médecins du service de l’immigration canadienne ont calculé leur coût: "Merlin évolue formidablement." Le petit bonhomme, qui a eu 8 ans en novembre, suit un cursus normal dans une classe de CE1, avec un programme adapté à son handicap. "Il a acquis une certaine autonomie et pas mal d’indépendance, sans doute parce qu’il n’évolue pas dans un univers spécialisé", estime son père. Merlin a déjà pris l’avion sans ses parents alors qu’il n’avait que 6 ans. Le mercredi, il reste au centre de loisirs. Il va à la piscine, fait de la gymnastique, joue du piano… Merlin est aussi invité à des anniversaires. "Comme il est très sociable, il réussit toujours à se faire de nouveaux camarades malgré un retard de langage", précise sa mère.
Sophie et Cédric ont eu deux autres enfants – Lelio, 7 ans, et Ilian, 4 ans – et se sont décidés à acheter un appartement au Chesnay (Yvelines), abandonnant définitivement leur envie de partir vivre ailleurs. "Cela restera un regret", concède Cédric, qui va sur ses 40 ans. Ils avaient entamé leurs démarches auprès de l’ambassade en 2000, l’année de leur mariage, programmé en mars, afin de pouvoir se confronter à la rigueur du climat canadien pendant leur lune de miel, avec, au programme, raids en motoneige et traîneau de chiens. Sophie travaille alors dans le tourisme, lui est déjà assistant réalisateur. Ce périple était sans doute le dernier. "Je ne pense pas que nous puissions retourner au Canada, même pour des vacances", indique Sophie. Dans la lettre de refus définitif qui lui a été adressée, il est stipulé que Merlin est "interdit de territoire pour raisons sanitaires", que cette interdiction concerne aussi ses parents, et qu’elle "pourrait aussi s’appliquer à d’autres séjours" que Merlin serait susceptible d’envisager "à titre de visiteur". 

Candidats à l'immigration s'abstenir...

Handicapés, séropositifs, voire "déviants sexuels"... Pour de multiples raisons, financières, sanitaires ou idéologiques, de nombreux pays ferment leurs portes.
Son combat continue: une famille française passera mardi prochain devant la Cour fédérale canadienne pour contester la décision des services de l’immigration qui lui refusent la résidence permanente en raison du handicap de sa fille. A l’issue de la procédure, cette famille devra soit quitter le territoire à expiration des visas temporaires, en 2011, soit passer à nouveau devant un agent de l’immigration.
Rachel, 7 ans, est scolarisée, pratique l’équitation, la natation, le piano… Mais parce qu’elle est atteinte de paralysie cérébrale, les services de l’immigration canadienne considèrent qu’elle pourrait représenter un "fardeau excessif" pour les services de santé et les services sociaux. "Nous nous battons contre une disposition très rétrograde complètement opposée à la tradition humanitaire du Canada", martèle le conseil de la famille, Me Stéphane Minson. Une loi également en contradiction avec les conventions internationales qui placent l’intérêt de l’enfant au-dessus de toute préoccupation. "Retirez les enfants de l’application de cette loi", implore Me Minson.

Le Canada veut protéger son système de santé

Le père de Rachel, David Barlagne, est patron d’une entreprise spécialisée en sites Internet et en logiciels culturels. Comme il n’a de cesse de le répéter, il peut entièrement prendre à sa charge les dépenses liées au handicap de sa fille. Or, dans deux affaires qui font jurisprudence, la Cour fédérale a estimé "incongru" que les ressources permettant aux candidats à l’immigration d’être sélectionnés puissent ne pas être prises en considération lorsqu’il s’agit de décider de l’admission d’enfants handicapés.
Si la famille Barlagne, installée au Québec depuis cinq ans, devait obtenir gain de cause, Me Minson craint que l’agent de l’immigration devant lequel les parents repasseront ne tienne pas davantage compte de la capacité de ses clients à prendre en charge les dépenses liées au handicap de leur fille, comme le veut pourtant, depuis cinq ans, une circulaire administrative. D’autres familles sont ainsi passées à trois reprises devant la Cour fédérale sans voir leur situation régularisée pour autant. Le ministère de l’Immigration canadien ne souhaite visiblement pas ouvrir une brèche dans une loi protectionniste, arguant qu’il s’agit avant tout, pour le Canada, de protéger son système de santé.

"Un handicapé est considéré comme un poids économique"

Bien que peu répandue, cette discrimination à l’immigration n’est pas exceptionnelle. L’Australie écarte de la même manière les candidats risquant de représenter "un coût excessif" pour les services de santé et les services sociaux. L’Argentine en fait autant. Ainsi que l’Equateur, encore plus discriminant puisque ce pays va jusqu’à interdire d’accès à son territoire les personnes présentant des "déviances sexuelles". L’ampleur des restrictions concernant les porteurs du VIH est également préoccupante. Actuellement, 57 pays –parmi lesquels figure notamment la Pologne– ne délivrent pas de visa long séjour aux personnes séropositives; 12 leur interdisent même l’entrée sur leur territoire, notamment la Russie, la Chine, l’Arabie saoudite, l’Irak. Les Etats-Unis sont sortis de cette liste noire le 4 janvier.
Alors que les lois sur l’immigration tendent à se durcir en Europe, en France en particulier où l’on parle de plus en plus d’immigration choisie, le "modèle" canadien prend une dimension préoccupante. La triste histoire de Rachel pose également la question de la discrimination liée au handicap. "Dans une société comme la nôtre, un handicapé est considéré comme un poids économique", lance Jean-Marc Boivin, de Handicap International, qui fustige la duplicité de la classe politique. "Or ramener quelqu’un à ce qu’il coûte pour la collectivité, c’est une insulte à la dignité humaine, d’une violence inouïe."
Christel De Taddeo - Le Journal du Dimanche
Samedi 20 Février 2010

mercredi 14 avril 2010

Venez...et débrouillez-vous seul !

Le paradoxe de l'immigration

Bien accueillis, les nouveaux venus sont rapidement laissés à eux-mêmes

Lisa-Marie Gervais   10 avril 2010
Le marché du travail est un obstacle de taille à l’intégration.
Photo : Agence Reuters Larry Downing
http://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/286708/le-paradoxe-de-l-immigration

Le marché du travail est un obstacle de taille à l’intégration.
Le Québec peine à intégrer ses immigrants, révélait cette semaine une étude commandée par le CIRANO. Pis, il est en queue de peloton lorsque comparé à l'Ontario et à la Colombie-Britannique, deux provinces où le taux d'immigration est élevé. Simple question de discrimination? Il semblerait que le problème soit plus complexe.

Les Québécois vieillissent, prennent leur retraite. Devant cette désertion du marché du travail, le Québec est forcé de s'en remettre à sa main-d'oeuvre immigrante, qui représentait en 2006 11 % de la population totale. Il n'est d'ailleurs pas de question qui fasse davantage consensus, tant dans les partis politiques que dans les syndicats et autres groupes de pression.

Non seulement la Belle Province intègre-t-elle très mal ses immigrants, mais elle le fait également beaucoup moins bien que dans le reste du Canada, révèle une étude du Centre interuniversitaire de recherche en analyse des organisations (CIRANO) intitulée Immigration au Québec: politiques et intégration au marché du travail. En 2006, le taux d'emploi des immigrants au Québec était inférieur de 11,4 points à celui des Québécois nés ici, soit un écart deux fois plus grand que celui observé dans les deux autres provinces, l'Ontario (5 points) et la Colombie-Britannique (5,1 points).

Le Québec a ouvert ses portes, et les immigrants arrivent, nombreux. La grille de sélection pour attirer une main-d'oeuvre qualifiée et qui parle français fonctionne, rappelle Maude Boulet, doctorante en relations industrielles à l'Université de Montréal et coauteure, avec Brahim Boudarbat, de l'étude publiée cette semaine. Les immigrants sont de plus en plus qualifiés — la proportion des immigrants récents du Québec (âgés de 25 ans et plus) qui détiennent au moins un baccalauréat est passée de 15,4 % en 1981 à 51 % en 2006 — et ils sont beaucoup plus nombreux à parler le français à l'arrivée (60,4 % des immigrants admis au Québec en 2008 parlaient le français).

Beau paradoxe, reconnaissent les observateurs de la scène immigrante. «On favorise l'immigration des personnes ayant des diplômes supérieurs, on leur donne des cours de français si elles ne le connaissent pas déjà, mais après ça, on ne les aide plus», dit la professeure en relations industrielles à l'UdeM Marie-Thérèse Chicha, qui déplore le sous-financement de l'intégration. «Les politiques d'immigration ne sont pas cohérentes avec les politiques d'intégration. C'est du gaspillage de compétences.»

Afin de hausser le taux d'emploi des nouveaux arrivants, le député péquiste de LaPrairie, François Rebello, souhaite que les dirigeants fassent preuve de plus de transparence et rendent des comptes. «Il faut être intransigeants à l'égard de ceux qui discriminent, insiste M. Rebello. Et c'est au gouvernement de donner l'exemple.»

Le sociologue de l'UQAM Jean Renaud abonde dans ce sens: le gouvernement, comme premier employeur, devrait servir de modèle. «Il y aurait moyen d'accélérer leur embauche. Il y a des milliers de solutions, des choses qui se font déjà ailleurs. Mais lesquelles sont applicables? On peut penser au mentorat», indique M. Renaud. Mais avant de parler solutions, voyons un peu la genèse du problème de l'intégration des immigrants, qui touche dans une plus forte proportion les immigrants originaires de l'Afrique du Nord (Maghreb) et du Moyen-Orient.

Racistes, les employeurs ?

Pour Marie-Thérèse Chicha, la lente intégration des immigrants sur le marché du travail pourrait s'expliquer en partie par des pratiques discriminatoires des employeurs. «Ils sont très réticents à embaucher des immigrants. Ils ont peur que ceux-ci se mettent à demander des congés. Cette idée que les immigrants vont chercher à demander des accommodements est très répandue, souligne-t-elle. Mais il y a aussi des employeurs de bonne volonté qui n'engagent pas d'immigrants de peur d'être accusés de discrimination s'ils licencient quelqu'un strictement pour une question d'incompétence. Mais c'est un mythe, il n'y a pas d'immigrants qui font ça», a-t-elle dit.

Reconnaissant que ce n'est pas le cas de tous les employeurs, Jean Renaud remarque qu'il y a une réelle discrimination à l'embauche, «qui se voit sur le terrain». On n'a qu'à penser à ces histoires qui défraient à l'occasion les manchettes d'immigrants qui ont soumis le même curriculum vitae à une entreprise, l'un avec un nom à consonance québécoise et l'autre avec un nom, disons, plus «exotique». Le CV de «M. Tremblay» est bien sûr privilégié, dans la grande majorité des cas.

N'empêche, selon le sociologue, cette attitude s'estompe après un certain temps. Au fil de ses recherches quantitatives et qualitatives, ce spécialiste des questions d'immigration a remarqué que le «coefficient Maghreb», c'est-à-dire l'ensemble des facteurs associés à l'origine d'une personne originaire de l'Afrique du Nord et pouvant nuire à son intégration, se fait sentir au début de l'établissement. «Mais après trois ans, les études montrent que ce n'est plus significatif. Si c'était de la discrimination, ce coefficient serait toujours significatif. L'employeur s'adapte et apprend à décoder ce que vaut un diplôme du Maghreb», a-t-il expliqué.

Et si le Québec fait moins bien que l'Ontario et la Colombie-Britannique, c'est qu'il n'est pas aussi habitué qu'eux à accueillir des immigrants, estime Jean Renaud. «Le Québec n'a que 30 ans de pratique avec l'immigration. Ça date de la loi 101. Avant ça, l'immigration était plutôt gérée par le côté anglophone du Québec, a-t-il soutenu. Mais on est encore en train de se chicaner sur le foulard. C'est comme si on confirmait le fait que c'est normal de discriminer. L'employeur envoie le message que ce ne sont pas des gens comme nous, qu'ils sont marginaux. Ça n'aide pas à rehausser le taux d'emploi.»

Professeure à l'École des sciences de la gestion de l'UQAM, Sylvie Gravel ne croit pas qu'il est exact de parler de discrimination de la part des employeurs. «Les grandes entreprises ont fait beaucoup d'effort pour redresser la situation et éliminer toutes les étapes qui portent préjudice aux immigrants», assure-t-elle. Elle remarque qu'un grand nombre de petites entreprises ont recours à des immigrants. Certains employeurs du secteur agricole vont même se mettre à parler espagnol pour mieux communiquer avec leurs employés latino-américains. «Le vrai problème, c'est d'intégrer les immigrants dans un emploi qui correspond à leur diplôme. On est en pénurie de main-d'oeuvre dans certains secteurs pour lesquels on n'a pas nécessairement sollicité des immigrants», rappelle Mme Gravel, en précisant que c'est en train de changer.

La faute de la grille... et de la langue

La grille n'est donc pas si adéquate que ça. Jean Renaud, qui s'est intéressé aux variables permettant d'améliorer les prédictions d'accès à l'emploi pour un nouvel arrivant, a constaté que la grille de sélection ne comptait que pour 13 % dans ce savant calcul. «On a essayé de voir combien de temps ça prend à un immigrant pour avoir un emploi qualifié et quels sont les facteurs qui permettent d'expliquer ça. La grille ne compte pas pour beaucoup», note-t-il. Selon lui, cette grille utilisée par le ministère de l'Immigration et des Communautés culturelles n'est pas nécessairement conçue pour d'abord sélectionner de bons ouvriers appariés aux emplois disponibles. «Elle a avant tout comme but de nous choisir des concitoyens, des gens avec qui on va vivre. Des concitoyens qui deviendront nos amis, nos voisins, des gens qui vont tomber amoureux avec nos enfants.»

Certes, des problèmes plus structurels liés aux blocages que peuvent engendrer certains ordres professionnels dans le cas des professions règlementées sont désormais connus. L'attention a été moins portée sur les problèmes d'intégration sur le marché du travail causés par l'obligation, dans certains cas, de parler le français et l'anglais. «Il existe des exigences de bilinguisme pour un certain niveau d'emploi», note François Rebello. «Le fait de ne pas parler anglais est souvent un frein plus grand à l'emploi que le fait de ne pas parler français», ajoute-t-il, constatant que cette réalité bien québécoise nuit à certains membres de la communauté maghrébine, par exemple, qui connaissent souvent mieux le français que l'anglais.

Les études de Jean Renaud ne lui ont pourtant pas permis de conclure que le facteur de la langue était significatif. «La connaissance de l'anglais et du français n'est pas un facteur qui augmente l'accès au marché du travail. C'est plutôt une question de réseau au sens très large.»

Marie-Thérèse Chicha abonde. «Il ressort que la majorité des entreprises québécoises ont recours aux réseaux de connaissances pour leur recrutement. Et même quand ils sont diplômés du Québec, [les immigrants] n'arrivent pas nécessairement à se créer un réseau de connaissances susceptible de les aider à trouver un emploi. Ils n'ont pas un bon réseau culturel pour les informer informellement. Souvent, leur réseau est constitué de gens d'Emploi Québec ou des universités, qui ne les orientent pas nécessairement vers des emplois qui sont porteurs», fait-elle remarquer.

Pour sa part, Sylvie Gravel insiste sur l'importance de laisser le temps aux immigrants de bien apprivoiser leur milieu de travail. «Il faut comprendre la difficulté [pour les immigrants] de passer l'étape de la probation. On va reprocher à des gens de ne pas bien fonctionner dans le milieu, de ne pas être sociables parce qu'ils ne vont pas prendre une bière après le travail ou parce qu'ils ne jouent pas aux hockey avec les employés. Mais on oublie qu'il y a un élément qui s'appelle s'insérer dans une culture organisationnelle et une dynamique de socialisation», conclut-elle en appelant à plus d'indulgence.

Comme quoi il ne suffit pas d'avoir la tête de l'emploi. Encore faut-il s'assurer de la viabilité du «vivre ensemble».

Immigrants qualifiés cherchent emploi

Champion pour attirer une main-d'oeuvre compétente, le Québec parvient difficilement à les intégrer au marché du travail

Lisa-Marie Gervais   8 avril 2010
 
Le Québec est champion pour attirer une main-d'oeuvre immigrante qualifiée, mais devient grand perdant lorsqu'il s'agit de les intégrer au marché du travail. C'est ce que permet de conclure une étude publiée par le Centre interuniversitaire de recherche en analyse des organisations (CIRANO), qui a compilé des données statistiques notamment sur le taux d'emploi, la langue parlée des immigrants, leur âge et leur pays d'origine pour les comparer avec celles des Canadiens nés au Canada dans trois provinces à haut taux d'immigration comme le Québec, la Colombie-Britannique et l'Ontario.

En 2006, le taux d'emploi des immigrants au Québec était inférieur par 11,4 points à celui des Québécois natifs, soit un écart deux fois plus grand que celui observé dans les deux autres provinces, soit l'Ontario (5 points) et la Colombie-Britannique (5,1). Et ce, même si la part d'immigration totale est beaucoup plus grande dans ces deux provinces qu'au Québec.

Les auteurs de l'étude Immigration au Québec: politiques et intégration au marché du travail, s'attendaient à ce que le Québec présente effectivement un plus grand écart du taux d'emploi entre les immigrants et les Québécois nés dans la province que ses deux rivales. Ils ont aussi observé que les Québécois natifs de la province ont un taux d'emploi élevé (82,6 %) qui est très semblable à celui des Ontariens et des Britannico-Colombiens. «Alors, on pourrait d'abord penser que cette grande différence du taux d'emploi [entre les immigrants et les non-immigrants] au Québec est attribuable à une moins bonne performance d'intégration des immigrants sur le marché du travail», a analysé Maude Boulet, doctorante en relations industrielles à l'Université de Montréal et coauteure de l'étude avec son directeur, Brahim Boudarbat.

Pourtant, les immigrants du Québec sont parmi les plus qualifiés et leur niveau de scolarisation a même crû de façon phénoménale en 25 ans, constatent les chercheurs dans leur étude. La proportion des immigrants récents du Québec (âgés de 25 ans et plus) qui détiennent au moins un baccalauréat est passée de 15,4 % en 1981 à 51 % en 2006.

Et non seulement les nouveaux arrivants du Québec sont-ils les moins nombreux à ne pas connaître les deux langues officielles du pays, mais ils sont également très nombreux à maîtriser le français, soit 60,4 % des immigrants admis au Québec en 2008. Enfin, les immigrants du Québec font aussi de plus en plus partie de la tranche la plus active sur le marché du travail.

Tetchena Bellange a constaté ce paradoxe en réalisant son court-métrage documentaire Médecins sans résidence, sur les difficultés qu'éprouvent les médecins diplômés à l'étranger à se trouver un emploi au Québec. «J'ai rencontré beaucoup de gens déçus. Ils parlent parfaitement français et viennent en attendant un an, deux ans, trois ans et n'arrivent pas à travailler», a dit la jeune femme, dont le film est disponible depuis hier sur le site de l'ONF. «J'avais en tête le cliché du médecin devenu chauffeur de taxi, mais j'ai vu qu'il y avait des médecins dont on reconnaissait les équivalences, mais pour qui ça bloquait encore.»

L'intégration... pire au Québec

Selon l'étude, une bonne intégration des immigrants sur le marché du travail dépend beaucoup de leur région d'origine, du lieu d'obtention de leur diplôme et de leur âge à l'arrivée au Canada. Ainsi, les chercheurs ont remarqué que ce sont les immigrants originaires de l'Afrique du Nord (Maghreb) et du Moyen-Orient qui ont le plus de mal à intégrer le marché du travail au Québec. Dans les deux autres provinces de l'étude, qui s'en tirent mieux sur le plan de l'intégration, les immigrants viennent majoritairement d'Asie. «Effectivement, au Québec [...] on remarque que ce sont les immigrants venant de l'Afrique du Nord qui s'intègrent le moins bien au marché du travail, avec un taux de chômage de 19 %», a dit Mme Boulet en marchant sur des oeufs. «Mais cela ne veut pas du tout dire qu'il ne faut pas accepter d'immigrants d'Afrique du Nord ou dire que c'est leur faute. Mais on peut avancer le fait que ces immigrants subissent plus de discrimination à l'emploi», a-t-elle précisé.

L'étude révèle également que c'est au Québec que le lieu d'obtention du diplôme pénalise le plus les immigrants. Ceux qui avaient acquis un diplôme à l'étranger accusaient un recul de 18,9 points de pourcentage de leur taux d'emploi par rapport aux natifs, comparativement à 8,6 points en Ontario et 10,2 points en Colombie-Britannique. Et même s'ils obtiennent un diplôme canadien, les immigrants du Québec sont encore les plus désavantagés sur le marché de l'emploi par rapport aux Québécois natifs.

Mme Boulet fait remarquer que l'étude a des limites économétriques, car elle n'a pas tenu compte du taux de scolarisation des immigrants dans chaque province, par exemple. Elle doute toutefois que cette variable ait une influence sur le faible taux d'emploi des immigrants au Québec puisque leur taux de scolarité est plutôt élevé.

Par ailleurs, la doctorante souligne la pertinence d'avoir comparé les trois provinces. «Le Québec est la seule province qui ait une grille de sélection d'immigrants, avec ses propres critères, différents de ceux du fédéral que suivent les autres provinces canadiennes», a fait remarquer Mme Boulet. C'est signe que la grille fonctionne et que le gouvernement a un réel pouvoir puisqu'il réussit à attirer des immigrants selon ses critères. À lui de voir comment il peut mener à bien leur intégration, suggère-t-elle.


Le salut du régime de pensions passe par l'immigration

Selon le Conference Board, le Canada devra accueillir 100 000 immigrants de plus par année

La Presse canadienne   14 avril 2010
Le ministre des Finances, Jim Flaherty, a lancé des consultations pour réformer le régime de pensions.
Photo : Agence Reuters Blair Gable
 
Le ministre des Finances, Jim Flaherty, a lancé des consultations pour réformer le régime de pensions.
Toronto — Le Canada devra accueillir environ 100 000 immigrants de plus par année pour accroître la productivité et aider à payer pour le régime de pensions, a estimé hier l'économiste en chef du Conference Board du Canada.

Le gouvernement devra mette en branle une politique d'immigration très active pour assurer la croissance de la main-d'oeuvre, accroître le nombre de travailleurs qui contribuent au régime de pensions et contrebalancer les effets de l'exode des baby-boomers du marché du travail, a affirmé Glen Hodgson à l'occasion d'un sommet sur l'avenir des pensions organisé par le Conference Board. Avec le ralentissement de la croissance du marché du travail qui s'annonce pour les prochaines décennies, un moins grand nombre de travailleurs contribueront au régime de retraite, alors même que les retraités seront plus nombreux à en tirer des prestations.

Les gouvernements et entreprises à travers le monde tentent de désamorcer la potentielle crise qui s'annonce avec le vieillissement rapide d'une génération de travailleurs qui n'ont pas mis assez d'argent de côté pour leur retraite.

Comme la population vieillit et les familles comptent moins d'enfants, les immigrants — qui arrivent actuellement au pays au rythme d'environ 250 000 par année — deviendront la seule source de croissance de la population canadienne aux environs de 2030, a estimé M. Hodgson. Même si une forte immigration ne renversera pas à elle seule le vieillissement du Canada, elle aidera à stabiliser la croissance à environ 1 % par année.

Alberta

Dans la foulée, le ministre des Finances de l'Alberta a indiqué hier qu'il n'a aucune intention de collaborer à une augmentation du capital du Régime de pensions du Canada (RPC). Ted Morton a lancé un avertissement sans équivoque, en déclarant que sa province privilégie une approche «graduelle».

Plutôt que d'engraisser le RPC d'une manière qui ne profiterait peut-être même pas à ceux dont la santé financière est fragile, l'Alberta préfèrerait que les gouvernements y aillent de quelques changements règlementaires pour permettre aux institutions financières d'inciter les épargnants à économiser en vue de leurs vieux jours, a expliqué le ministre Morton. On devrait donner aux institutions financières 10 ans pour démontrer ce qu'elles peuvent faire, a-t-il ajouté, avant une intervention gouvernementale plus musclée.

Lors d'un discours à Calgary, hier, M. Morton a déclaré que le RPC impose aux jeunes le fardeau financier découlant de la proportion croissante de la population qui part à la retraite.

M. Morton a toutefois précisé que sa position contre un RPC plus ample n'est pas encore la position officielle de sa province, puisque des consultations publiques ont toujours lieu. Il dit toutefois que l'idée de voir le secteur privé bonifier les régimes de retraite semble recueillir de plus en plus d'appuis à travers le pays.

Lors d'un discours lundi soir, le ministre fédéral des Finances, Jim Flaherty, avait incité à la prudence, estimant que les régimes de retraite du pays ne sont pas encore en état de crise. L'Alberta et le gouvernement fédéral semblent donc être sur la même longueur d'ondes dans ce dossier.

dimanche 11 avril 2010

Le Québec est la province la plus endettée du Canada...


La dette du Québec explosera de 32 milliards $


Le premier ministre Jean Charest félicite le ministre... (Reuters)
Le premier ministre Jean Charest félicite le ministre des Finances Raymond Bachand pour son budget.
Reuters 
Publié le 31 mars 2010
http://www.cyberpresse.ca/
Pierre Couture
Le Soleil
(Québec) Pour réussir à payer la facture d'épicerie, le gouvernement du Québec ajoutera 32 milliards $ à la dette de la province d'ici 2015.
Mercredi matin, les contribuables québécois ont une dette collective de 160,1 milliards $. Dans cinq ans, cette même dette (brute) se chiffrera à 192 milliards $.
La nouvelle réforme comptable mise de l'avant en 2008 par le gouvernement fait en sorte que les déficits des hôpitaux et des commissions scolaires sont dorénavant inclus dans la dette dite brute.
«Notre taux d'endettement est le plus élevé de toutes les provinces canadiennes», a reconnu mardi le ministre des Finances, Raymond Bachand, lors du dépôt de son premier budget à l'Assemblée nationale.
Cette année seulement, la dette totale du Québec s'alourdira de 10,5 milliards $. Chemin faisant, au 31 mars 2011, la dette publique du Québec passera à 170,6 milliards $.
Juste pour payer les intérêts de sa lourde dette, le Québec devra consacrer cette année 11 % de son budget total annuel. En clair, les intérêts de la dette coûteront 7 milliards $ cette année au gouvernement Charest.
Pourquoi l'augmentation?
Malgré un lourd déficit cette année (4,3 milliards $), le gouvernement Charest doit continuer à emprunter pour financer les investissements dans les infrastructures (les routes, les écoles, les hôpitaux, etc.) et les projets hydroélectriques d'Hydro-Québec. Cet­te année, ces investissements totaliseront près de 6 milliards $.
L'augmentation importante du poids de la dette représentera l'an prochain 55,1 % du produit intérieur brut (PIB) du Québec. En 2026, Québec a l'intention de ramener ce ratio dette-PIB à 45 %.
Un objectif beaucoup moins ambitieux qu'il y a deux ans. Le gouvernement prévoyait alors ramener le ratio dette-PIB en 2026 à 25 %.
Une dette durable
Quoi qu'il en soit, à plus long terme, Québec croit pouvoir de nouveau atteindre l'équilibre budgétaire en 2013-2014. Ce qui n'empêchera pas la dette publique de continuer à grimper.
Car malgré l'objectif du déficit zéro en 2013-2014, Québec prévoit que la dette brute augmentera de 3 milliards $ en 2013-2014 et encore de 3 milliards $ en 2014-2015.
Au Mouvement Desjardins, on croit que les mesures mises de l'avant par le ministre Bachand étaient nécessaires étant donné la précarité des finances publiques. «C'est un bon budget. C'est un budget à long terme, mais qui commence maintenant», a signalé l'économiste en chef, François Dupuis.

et pendant ce temps, le responsable de ce gouffre financier déclare...

Charest soutient qu'il a enrichi les Québécois

«Le gouvernement a été élu pour prendre des... (Le Soleil, Steve Deschênes)
«Le gouvernement a été élu pour prendre des décisions pour préparer l'avenir du Québec, incluant des décisions difficiles, mais des bonnes décisions», a soutenu Jean Charest.Le Soleil, Steve Deschênes.

Alexandre Robillard, La Presse Canadienne, Québec
Publié le 31 mars 2010
Malgré l'avalanche de taxes, de tarifs et d'autres frais qui a déferlé dans le dernier budget, le premier ministre Jean Charest s'est défendu, mercredi, d'avoir appauvri les contribuables québécois.
M. Charest a soutenu qu'après la mise en place des mesures annoncées mardi, le revenu disponible des Québécois demeurait néanmoins supérieur à ce qu'il était en 2003.

«Les Québécois auront plus d'argent dans les poches, à la suite des mesures mises en place par le gouvernement depuis les sept dernières années», a-t-il déclaré lors de la période des questions.

M. Charest a affirmé qu'un couple ayant deux enfants et disposant d'un salaire de 75 000 $ avait ainsi fait un gain de 1259 $, notamment grâce aux baisses d'impôts consenties par les libéraux en 2007.

Selon le premier ministre, le gouvernement a présenté cette semaine un budget «fondateur» et «courageux», qui «amène tous les Québécois à regarder vers l'avenir».

«S'il y a une chose que je peux vous dire aujourd'hui avec fierté, de la part de tous les députés du gouvernement, c'est qu'on va pouvoir regarder nos enfants dans les yeux et leur dire qu'on a pris les bonnes décisions», a-t-il dit.

Réaction du PQ

Mais l'opposition péquiste a rapidement riposté en soutenant que le calcul de M. Charest ne prenait pas en considération les hausses des tarifs d'électricité, de services de garde et d'assurance médicaments entrées en vigueur depuis sa première élection, il y a sept ans.

La chef de l'opposition officielle, Pauline Marois, a déclaré que la population défrayait les coûts de l'incompétence du gouvernement.

Selon Mme Marois, après avoir contribué à l'augmentation de l'endettement du Québec, M. Charest veut maintenant refiler la facture à la famille québécoise.

La chef péquiste a estimé que les mesures annoncées dans le dernier budget coûteront 1300 $ de plus par année à la famille québécoise moyenne.

«C'est lui qui devrait être gêné de regarder les Québécois dans les yeux, a-t-elle dit. En fait actuellement, il refile la facture de son incompétence aux Québécois, parce qu'il a été incapable de gérer la croissance des dépenses du gouvernement depuis sept ans.»

M. Charest a répliqué en affirmant que le gouvernement a pris les meilleures décisions dans un contexte où le Québec sort d'une des pires crises économiques des 70 dernières années.

«Le gouvernement a été élu pour prendre des décisions pour préparer l'avenir du Québec, incluant des décisions difficiles, mais des bonnes décisions», a-t-il dit.

Réaction de l'ADQ

Le chef adéquiste Gérard Deltell est lui aussi monté au créneau, mercredi, accusant le gouvernement d'être allé chercher 13 milliards $, au total, dans les poches des contribuables, grâce à une hausse de la taxe de vente, de la taxe sur le carburant et d'une nouvelle contribution pour les soins de santé.

«Jamais les Québécois n'ont été imposés de façon aussi spectaculaire par un gouvernement, a-t-il dit. C'est à la triple couronne que l'on a assisté mardi: augmentation des tarifs, augmentation de la taxe et augmentation des impôts.»

M. Charest a répliqué en accusant l'Action démocratique du Québec d'afficher des positions contradictoires, après avoir fait la promotion d'une plus grande place du privé en santé.

«Le scandale est chez celui qui se lève à l'Assemblée nationale aujourd'hui et qui, pour essayer de faire des points sur le plan politique, se ravale tout rond pour dire tout le contraire de ce qu'il a défendu pendant des années», a-t-il dit.

dimanche 4 avril 2010

Des hausses à tout va (TVQ, électricité, carburant, frais scolaire, santé...)

Jean Charest au sujet de nos poches, en 2003

image «Nous devons nous organiser pour répondre aux besoins des citoyens. Et nous devons le faire en rejetant la solution facile qui consiste à toujours puiser dans la poche des citoyens.» 
Rédigé par Antoine Robitaille le Mercredi 07 Avril 2010.

Charest aura augmenté la dette du Québec de $100 milliards entre 2003 et 2013. En 10 ans Charest aura imposé des frais d`intérêt de $10 milliards par année avec une dette de $225 milliards.


http://carnetsdudevoir.com

Vidéo ici: Regardez notamment à 8mn40, à 10mn10, à 32mn 43... bref, regardez la en entier, c'est effarant...en québécois on dit "se faire fourrer" je crois !!


Faits saillants du budget québécois

www.24hmontreal.canoe.ca
30/03/2010

Voici les faits saillants du budget déposé mardi à l’Assemblée nationale par le ministre des Finances, Raymond Bachand. Réductions:
- Gel pour une durée de deux ans des salaires du premier ministre, des ministres et des députés;
- Gel de la masse salariale de la fonction publique jusqu’en 2013-2014;
- Suspension du versement des primes au rendement pour les deux prochaines années pour les hauts dirigeants des secteurs public et parapublic et des sociétés d’État;
- Réduction graduelle de 10 % des dépenses de fonctionnement de nature administrative d’ici 2013-2014;
- Réduction de 25 % des coûts de publicité, de formation et de déplacement;
- Maintien du remplacement de seulement un départ d’employé sur deux à la retraite et élargissement de cette mesure au personnel administratif des réseaux de la santé et de l’éducation, y compris les cadres;
- Fin du renouvellement automatique des programmes arrivant à échéance;
- Autofinancement des nouvelles initiatives;
- Fusion ou abolition d’une trentaine d’organismes.
Nouveaux revenus :
- Hausse de la TVQ d’un point de pourcentage additionnel le 1er janvier 2012;
- Hausse de la taxe sur le carburant;
- Imposition d’une redevance sur l’eau utilisée par les entreprises;
- Augmentation de la taxe compensatoire des institutions financières;
- Révision du régime des droits miniers.
- Mise en place d’un fonds dédié à la santé, alimenté par une contribution générale dès le 1er juillet 2010 ;
- Financement durable du Fonds des infrastructures routières et de transport en commun par une hausse de la taxe sur le carburant;
- Augmentation progressive, dès 2014, du prix de l’électricité provenant du bloc patrimonial d’Hydro-Québec ;
- Augmentation des frais de scolarité universitaire à l’automne 2012.

Les citoyens pris à la gorge, dénonce l'opposition

Malgré des augmentations de taxes, le contrôle des... (La Presse Canadienne)
Malgré des augmentations de taxes, le contrôle des dépenses gouvernementales est loin d'être assuré, a lancé Pauline Marois, la chef du Parti québécois.
La Presse Canadienne
Simon Boivin
Le Soleil
Publié le 31 mars 2010http://www.cyberpresse.ca 

(Québec) Le budget prend la classe moyenne à la gorge avec la «taxe Charest» sur la santé et la «taxe Bachand» sur l'essence, ont conspué les partis d'opposition, mardi. «Les Québécois vont payer pour la mauvaise gestion du gouvernement Charest», a martelé la chef de l'opposition.
On peut être certain que les augmentations de taxes annoncées seront mises en oeuvre, mais le contrôle des dépenses gouvernementales est loin d'être assuré, a lancé Pauline Marois. Sans compter qu'en campagne électorale, le chef libéral a assuré qu'il n'y aurait ni déficit, ni augmentation de taxes, ni problèmes à la Caisse de dépôt et placement, énumère-t-elle.
«C'est facile d'aller chercher de l'argent dans les poches des gens, note-t-elle. [...] Il n'y a pas d'études d'impact des hausses de taxes et de tarifs sur l'économie du Québec. Je reste sceptique sur la suite des choses.»
Le gouvernement a échoué à obtenir les 2,2 milliards $ d'Ottawa pour l'harmonisation de la TPS et de la TVQ, ajoute le porte-parole péquiste en matière de Finances, Nicolas Marceau. En augmentant les tarifs d'électricité, Québec devra verser quelque 800 millions $ au fédéral en raison du calcul des transferts de péréquation, ajoute-t-il. Et la dette s'accroît au point où son service sera le troisième poste budgétaire du gouvernement d'ici trois ans.
«Il n'y a pas de plan pour la croissance économique et pour accroître la productivité au Québec», a plaidé M. Marceau, qui s'inquiète d'un manque d'effort pour lutter contre le décrochage scolaire.
À l'ADQ, le chef Gérard Deltell a déploré le «manque de courage» du ministre des Finances qui a déposé le budget «le plus choquant jamais vu».
«Le gouvernement n'a pas fait le ménage dans sa cour, a-t-il analysé. C'est extrêmement décevant. Le Québec est plus dans le rouge qu'il ne l'a jamais été.» Son porte-parole en matière de Finances, François Bonnardel, a dressé le portait d'un Jean Charest avec les deux mains, non pas sur le volant, mais «dans les poches des Québécois».
«L'explosion» du fardeau pour les contribuables démontre qu'ils sont considérés comme des «vaches à lait», a poursuivi M. Bonnardel. Le gouvernement n'avait que des «mesurettes» à proposer pour réduire ses propres dépenses, de la «poudre aux yeux», selon lui.
Le représentant de Québec solidaire, Amir Khadir, a comparé le budget Bachand au faiseur d'images Clotaire Rapaille. «Le discours qui enrobe le budget est très beau en apparence, mais il est maître d'illusions, et plein de demi-vérités et de promesses qui disparaissent à l'examen», a imagé M. Khadir.
Au lieu de faire payer les «gens ordinaires», le gouvernement Charest aurait mieux fait de regarder vers les «élites affairistes» qui bénéficient «d'avantages fiscaux».
La taxe sur la santé, qui est «injuste» et «régressive», ne fait que mettre un «garrot» sur un système qui sera bientôt «gangrené», croit le député de Québec solidaire.