jeudi 29 septembre 2011

Immigration - Plus d'immigrants et mieux intégrés

Michel Leblanc, président et chef de la direction de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain  28 septembre 2011
http://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/332316/immigration-plus-d-immigrants-et-mieux-integres
 
Le Québec tout entier et la région métropolitaine de Montréal en particulier ont et auront besoin de plus en plus de main-d'œuvre: l'élan de notre croissance économique en dépend. Or, au cours des dernières semaines, plusieurs partis, groupes ou acteurs politiques ont proposé de diminuer le nombre d'immigrants qu'accueille le Québec, certains de façon considérable. Cette proposition fait le déni de la réalité économique et démographique du Québec.

Nous entrons dans une phase de vieillissement de la population, qui se traduira par une rareté de main-d'oeuvre. Il y aura plus de départs à la retraite que de nouveaux entrants sur le marché du travail parmi les natifs du Québec au cours des prochaines années.

Notre seul choix est de compter sur un apport supplémentaire de l'immigration pour combler en partie cette faiblesse. Si rien n'est fait, le Québec connaîtra un déclin relatif de son bassin de main-d'oeuvre, ce qui aura des conséquences graves sur son potentiel économique.

Augmentation graduelle

Couper les valves de l'immigration de 5000, 10 000 ou 15 000 personnes durant quelques années pourrait causer un dommage irréparable au marché du travail. À terme, le Québec pourrait se priver de 30 000, 40 000, voire de 50 000 travailleurs, une contribution dont nous ne pouvons nous passer.

Alors que toutes les économies du monde rivalisent pour attirer une diversité de talents issus de l'immigration, pourquoi le Québec se refermerait-il partiellement sur lui-même? Cet apport de l'immigration est d'autant plus riche qu'il bonifie également la diversité de main-d'oeuvre disponible, un atout non négligeable pour nos entreprises dans l'économie ouverte d'aujourd'hui.

La Chambre de commerce du Montréal métropolitain estime qu'il faut non seulement éviter de réduire les volumes d'immigrants, mais bien les augmenter graduellement. Si le Québec accueillait un nombre d'immigrants proportionnel à son poids démographique dans le Canada, nous aurions une cible de 65 067 immigrants par année plutôt que les 50 000 proposés par le gouvernement.

La clé: l'emploi

Pour la région métropolitaine, l'apport de l'immigration est encore plus significatif. C'est à Montréal que la grande majorité — 87 % — de la population immigrante se trouve. Et nous le savons, Montréal fait moins bien que les autres grandes villes du Canada en matière d'intégration. La Chambre est tout à fait d'accord: nous devons faire mieux sur ce point.

Mais il est faux de prétendre qu'une amélioration de l'intégration des immigrants passe nécessairement par une diminution du nombre de ceux-ci. Pour atteindre nos objectifs et assurer notre prospérité, nous devons faire les deux. Et, évidemment, il faut aussi sélectionner ceux qui ont le plus de chances de s'intégrer rapidement.

Les études démontrent qu'une intégration réussie passe en grande partie par l'intégration en emploi. Les critères de sélection devraient donc être revus pour mieux tenir compte de la capacité des immigrants à s'intégrer à un emploi.

Il faut attirer et retenir au Québec de jeunes travailleurs, des personnes ayant acquis des compétences professionnelles reconnues et des immigrants entrepreneurs, investisseurs et innovateurs.

Contribution économique appréciable

Nous devons rapprocher les immigrants des réseaux d'affaires, élargir les programmes de mentorat et poursuivre les programmes de sensibilisation. La Chambre fait elle-même des efforts dans ce domaine avec son programme Interconnexion, qui vise à trouver des stages en entreprise à des immigrants qualifiés.

D'autre part, le gouvernement, les universités, les entreprises et les ordres professionnels doivent collaborer pour accélérer la reconnaissance des diplômes et l'évaluation des compétences et des expériences de travail des personnes immigrantes.

Les clés d'une intégration réussie sont connues, il faut les appliquer. Les efforts déployés dans les dernières années pour retenir les étudiants étrangers ayant obtenu un diplôme universitaire au Québec constituent un geste dans le bon sens.

Alors que le Québec veut développer les ressources qui dorment dans le Nord et que, pour la première fois depuis des années, notre performance économique rivalise avec celle de nos voisins, ne faisons pas l'erreur de nous priver de la contribution économique de milliers d'immigrants qui ne demandent pas mieux que de venir vivre ici et de contribuer au développement économique du Québec.

***

Michel Leblanc, président et chef de la direction de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain

mardi 27 septembre 2011

Chicoutimi (Saguenay) se bouge pour l'immigration...

Vaste offensive pour l'immigration

Saguenay a formé un comité afin de créer... (Le Quotidien, Jeannot Lévesque)
Saguenay a formé un comité afin de créer les conditions idéales pour favoriser l'immigration.
Le Quotidien, Jeannot Lévesque
Publié le 27 septembre 2011
http://www.cyberpresse.ca/le-quotidien/actualites/201109/27/01-4451729-vaste-offensive-pour-limmigration.php
Stéphane Bégin
Le Quotidien

(CHICOUTIMI) Saguenay met sur pied un comité tripartite afin de favoriser non seulement l'arrivée d'immigrants dans la ville, mais aussi pour mettre tous les efforts nécessaires pour les garder. Et cette réussite passe nécessairement par l'obtention d'un emploi.
Avec Promotion Saguenay, la Chambre de commerce de Saguenay et la Ville ont lancé officiellement, hier, leur offensive pour créer les conditions idéales pour attirer les immigrants, leur permettre de s'intégrer à la communauté et favoriser leur intégration sociale et professionnelle.

Dans la maison interculturelle de la Corporation d'intégration de Saguenay, située sur la rue de Sales à Chicoutimi, le conseiller municipal Bernard Noël a tracé les grandes lignes de ce nouveau mandat.

«L'objectif est de contrer notre déficit démographique. Il faut y voir immédiatement, si nous ne voulons pas frapper un mur à un moment donné. Ce que nous cherchons, c'est une immigration économique, une main-d'oeuvre spécialisée et de la relève entrepreneuriale», explique Bernard Noël, conseiller municipal de Saguenay.

Pour y arriver, le maire Jean Tremblay est en discussion avec la ministre Kathleen Veil pour obtenir une subvention de 200 000$ afin d'assurer le fonctionnement et la survie de la corporation.

«Si Québec nous octroie une subvention de 200 000$, la ville va mettre autant d'argent dans le projet. Car ce que l'on veut créer, c'est un guichet unique pour l'emploi. C'est le nerf de la guerre. Si nous voulons conserver nos immigrants dans la région, il faut absolument leur trouver un emploi», note M. Noël.

Président de la Chambre de commerce de Saguenay, Éric Dufour ne cache pas que le défi démographique est important, surtout que plusieurs entreprises de la région vivent une pénurie de main-d'oeuvre spécialisée.

«Si nous ne voulons pas frapper le mur, il faut absolument redoubler d'ardeur dans le recrutement du personnel spécialisé. Et les immigrants peuvent très bien répondre à nos besoins, que nous n'arrivons pas à combler. Notre rôle est aussi de discuter avec nos membres, de les préparer à la nouvelle réalité et de les aider à adapter la culture de l'entreprise en prévision de l'arrivée des immigrants», mentionne M. Dufour.

Président de la Corporation d'intégration Saguenay, René-Philippe Harvey estime qu'il est important de se parler.

«Il est important d'être en lien pour bien les accueillir», dit-il.

Laval Gagnon, de Service de Pneus Potvin et membre du conseil d'administration de la corporation, embauchera sous peu un Français pour oeuvrer à son commerce de Chicoutimi. «Sa fille a étudié à Chicoutimi et sa famille a décidé de tout vendre là-bas pour s'installer ici. Mais il ne s'en vient pas chez moi pour passer le balai. C'est un spécialiste. Nous sommes toujours à la recherche de main-d'oeuvre spécialisée. D'ailleurs, tout le Québec le fait», note M. Gagnon.

Sbegin@lequotidien.com

Le Canada a la meilleure réputation

Publié le 27 septembre 2011

Une étude du Reputation Institute révèle que le... (Photo: Ivanoh Demers, Archives La Presse)
Photo: Ivanoh Demers, Archives La Pressehttp://www.cyberpresse.ca/actualites/quebec-canada/national/201109/27/01-4451937-le-canada-a-la-meilleure-reputation.php?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_BO2_quebec_canada_178_accueil_POS1

Une étude du Reputation Institute révèle que le Canada est le pays qui a la meilleure réputation.
Photo: Ivanoh Demers, Archives La Presse, Agence France-Presse, Montréal
Le Canada est le pays qui jouit de la meilleure réputation dans le monde, selon une enquête américaine sur l'image de 50 pays, rendue publique mardi.
L'étude du Reputation Institute basé à New York se propose de mesurer «la confiance, l'estime, l'admiration et les bons sentiments du public» vis-à-vis de chaque pays, ainsi que la perception de la qualité de la vie, de la sécurité et de l'attention portée à l'environnement.
Selon les réponses de 42 000 personnes interrogées, la Suède arrive à la deuxième place derrière le Canada, suivie par l'Australie, la Suisse et la Nouvelle-Zélande. Le Japon arrive 12e et la France 18e.
Ces pays ont été bien notés pour la solidité de leur régime démocratique, leur PNB par habitant élevé, le mode de vie actif de leurs habitants, leur système politique bien développé et leur neutralité face aux remous politiques internationaux.
L'image de sécurité projetée par un pays a été essentielle dans l'estimation de sa réputation.
Le Pakistan, l'Iran et l'Irak occupent les dernières places sur la liste de 50 pays étudiés, tandis que les États-Unis se retrouvent au milieu et la Chine dans le dernier tiers.
Le Mexique, classé 24e en 2009, a chuté à la 35e place. La Grèce, l'Irlande et l'Espagne - trois pays affectés par leur endettement - ont également reculé, tandis que l'Allemagne, géant économique solide, est passée de la 16e à la 11e place.

lundi 26 septembre 2011

franciser ou diminuer l'immigration !

Le PQ croit qu’il faut franciser davantage ou réduire le nombre d’immigrants

La Presse canadienne   13 septembre 2011
Le député Yves-François Blanchet, porte-parole en matière d’immigration et de langue.
Photo : La Presse canadienne (photo) Jacques Boissinot
http://www.ledevoir.com/politique/quebec/331298/le-pq-croit-qu-il-faut-franciser-davantage-ou-reduire-le-nombre-d-immigrants
 
Le député Yves-François Blanchet, porte-parole en matière d’immigration et de langue.
Le Parti québécois croit qu’à défaut d’investir davantage dans la francisation, il faudra diminuer le nombre de nouveaux immigrants accueillis chaque année au Québec. Le député Yves-François Blanchet, porte-parole en matière d’immigration et de langue, a toutefois refusé de situer un seuil au-delà duquel la pérennité du français pourrait être en péril.

M. Blanchet a cependant indiqué qu’à la lumière de l’échec des mesures de francisation en place, il est impossible d’augmenter le nombre de 50 000 immigrants annuels en vigueur actuellement.

Selon M. Blanchet, les plus récentes données sur la situation linguistique à Montréal démontrent le manque de ressources pour favoriser l’essor de l’usage du français chez les immigrants.

Le député péquiste a fait cette déclaration aujourd'hui à la suite de la publication, la semaine dernière, d’une étude de l’Office québécois de la langue française (OQLF) prévoyant qu’une minorité de Montréalais utiliseront le français à la maison au cours des prochaines années.

M. Blanchet s’est montré insatisfait du taux de transfert vers le français, qui, selon l’étude, est de 51 pour cent dans les foyers d’immigrants.

Le péquiste a reconnu que ces données ne permettent pas d’avoir une image précise de l’usage du français dans la sphère publique.

Mais M. Blanchet a affirmé qu’elles démontrent à tout le moins la nécessité de cesser d’être naïf quant aux politiques d’immigration.

vendredi 23 septembre 2011

Immigration - Une sélection «sexiste»

La conjointe immigrante ne compte pas, déplore le Conseil du statut de la femme

Robert Dutrisac   14 septembre 2011
Dans le processus de sélection des immigrants, le dossier qui compte, avant tout, c'est celui du requérant principal, le plus souvent un homme, alors que seulement 13 % des points peuvent provenir des caractéristiques socio-économiques et linguistiques de la conjointe.
Photo : Jacques Nadeau - Le Devoir
http://www.ledevoir.com/politique/quebec/331362/immigration-une-selection-sexiste
 
Dans le processus de sélection des immigrants, le dossier qui compte, avant tout, c'est celui du requérant principal, le plus souvent un homme, alors que seulement 13 % des points peuvent provenir des caractéristiques socio-économiques et linguistiques de la conjointe.
Québec — Le Conseil du statut de la femme (CSF) juge que la sélection des immigrants au Québec est sexiste et souhaite que le gouvernement Charest corrige la situation, du moins en partie.

«Le poids accordé à la candidature du conjoint est vraiment beaucoup plus faible que le poids accordé à la candidature du requérant principal. Et dans les faits, le conjoint est en général une conjointe, donc une femme», a signalé la nouvelle présidente du CSF, Julie Miville-Dechêne, dans un entretien accordé au Devoir avant sa comparution devant la commission parlementaire qui se penche sur la planification de l'immigration pour la période 2012-2015.

Dans le processus de sélection des immigrants, le dossier qui compte, avant tout, c'est celui du requérant principal, le plus souvent un homme, alors que seulement 13 % des points peuvent provenir des caractéristiques socio-économiques et linguistiques de la conjointe. «C'est assez minime», estime Julie Miville-Dechêne. Conciliante, elle propose un rééquilibrage de la grille de sélection, mais sans aller au bout de cette logique d'égalité et faire en sorte que les qualités de la conjointe comptent autant que ceux du requérant. «Ce n'est pas facile dans la réalité d'appliquer des principes», a-t-elle fait valoir. Le Conseil se dit prêt à collaborer avec le ministère de l'Immigration et des Communautés culturelles (MICC) pour l'élaboration d'une nouvelle grille.

«Le pointage, c'est quelque chose qui peut nuire à ces couples dans l'intimité», a souligné la présidente du CSF, qui a dit reprendre une observation de la chercheuse Marie-Thérèse Chicha. «Quand l'homme dit: "C'est moi qu'ils sont venus chercher, moi qu'on a choisi. Donc, moi, je vais essayer de m'intégrer, c'est moi qui vais suivre des cours, c'est moi, moi, moi." À ce moment-là, la femme doit tout faire pour lui, a expliqué Julie Miville-Dechêne. Il faut s'assurer que les femmes aient les moyens de dire: moi aussi, j'existe.»

Dans son mémoire, le CSF cite le Lobby européen des femmes, qui juge que les droits et les besoins des femmes immigrantes sont ignorés dans le débat politique sur l'immigration. «Ceci ne fait que renforcer les rôles femmes-hommes et le schéma patriarcal qui confinent les femmes dans leurs rôles familiaux traditionnels», signale l'organisme européen.

Julie Miville-Dechêne craint d'ailleurs que des immigrantes et immigrants admis au Québec ne partagent pas les valeurs d'égalité entre les sexes même s'ils ont signé une déclaration par laquelle ils s'engagent à adhérer à certaines valeurs, dont le fait que les hommes et les femmes ont les mêmes droits. La présidente du CSF reconnaît que certaines cultures sont antiféministes. «On peut le dire», a-t-elle convenu.

«Il y a des écarts, des fossés qui peuvent parfois être énormes entre la façon dont une femme se voit au Québec et une immigrante qui arrive, qui ne parle pas la langue, qui peut-être a une autre religion, qui rentre chez elle, qui n'arrive pas à communiquer. C'est des problèmes assez criants.»

Certains immigrants peuvent toutefois se démarquer de la culture de leur pays d'origine. «Quelle que soit la culture dominante d'un pays, certains hommes et certaines femmes peuvent ou non la partager. Nous, ce qu'on dit, c'est qu'on cherche des requérants qui partagent ces valeurs-là, quelle que soit leur origine parce que ça commence à être beaucoup trop dangereux de dire: plutôt tel pays, plutôt tel pays.»

«Dans ces sociétés, il y a des dissidents», a ajouté Julie Miville-Dechêne en commission parlementaire.

Divergence sur la question du «féminisme inclusif»


Le CSF écrit dans son mémoire que «l'interculturalisme est d'ailleurs un modèle qui invite les femmes immigrantes à s'engager dans ce que le mouvement des femmes appelle le "féminisme inclusif", c'est-à-dire la promotion des droits de toutes les femmes du Québec par l'ensemble d'entre elles». Nommée il y a deux mois à peine à la tête de l'organisme, Julie Miville-Dechêne a précisé que cette notion d'interculturalisme vient de sa prédécesseure, Christiane Pelchat. Ce féminisme inclusif, la nouvelle présidente ne veut pas «rentrer là-dedans». C'est «une valeur beaucoup trop particulière, précise» pour l'imposer aux immigrants. «On en reste à l'égalité hommes-femmes, a-t-elle affirmé. Ce n'est pas non plus la réalité au Québec en ce moment: on ne peut prétendre que toutes les Québécoises adhèrent au féminisme inclusif.»

La grille de sélection employée par le MICC est discriminatoire envers les femmes sous un autre rapport: elle accorde beaucoup d'importance aux travailleurs qualifiés pour des emplois qui, en majorité, sont traditionnellement masculins. «On reproduit avec une grille de sélection sexiste les mêmes inégalités pour les nouvelles arrivantes que celles que vivent les Québécoises», écrit le Conseil.

Pour le CSF, «l'absence quasi totale d'inscription des enjeux relatifs aux femmes immigrantes dans la planification 2012-2015 se reflète non seulement par le fait qu'il n'y a pas de données sexuées, mais aussi en occultant complètement les contraintes de l'immigration spécifiques aux femmes. Ce constat est d'autant plus confondant que leur situation est particulièrement inquiétante à maints égards». L'organisme propose de soumettre la sélection des immigrants à une analyse différenciée selon les sexes (ADS) et en fait sa principale recommandation.

lundi 19 septembre 2011

Immigration - Le fond du débat

Josée Boileau   6 septembre 2011
http://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/330723/immigration-le-fond-du-debat
 
La solution facile pour faire face aux défis que pose l'immigration au Québec, c'est d'en ralentir le rythme. C'est ce qu'a proposé la semaine dernière la Coalition pour l'avenir du Québec de François Legault. La solution réaliste, c'est plutôt de prendre la juste mesure de l'encadrement à donner, que l'on accueille 5000 immigrants de plus ou de moins par année.

Les écueils auxquels se bute l'immigration au Québec (haut taux de chômage, difficile francisation, impossible régionalisation, délicate intégration, seuils à atteindre, quotas à respecter...) ont une source. Elle se résume en une ligne, celle que l'on trouve en page 15 du document La Planification de l'immigration au Québec pour la période 2012-2015, présentement discuté en commission parlementaire: «L'immigration se présente comme un marché.»

C'est le triomphe de l'économisme, déconnecté d'une approche identitaire et sociale et particulièrement pernicieux pour le Québec.

Ce qui préoccupe présentement le ministère de l'Immigration et des Communautés culturelles, c'est la pénurie de main-d'oeuvre: 740 000 postes à pourvoir d'ici 2014. Pour attirer les meilleurs, le Québec entre en concurrence avec les autres pays développés et les provinces canadiennes, tout en étant contraint de puiser dans des bassins d'immigration francophiles. Le ministère tente donc d'évaluer, et beaucoup au pifomètre comme l'expliquait samedi notre collègue Robert Dutrisac, combien devront être nos prochains immigrants, à quelle tranche d'âge ils devront appartenir et de quelles parties du monde ils devront venir.

Sur le terrain, ces calculs ne marchent pas. Évidemment, puisque le facteur humain et le contexte particulier du Québec sont ici passés à la trappe. Des exemples, les organismes communautaires qui se présentent devant la Commission des relations avec les citoyens (qui reprend ses travaux ce matin à Québec) en ont des dizaines à donner.

Restons économique et prenons les camionneurs: il y a un besoin, la formation existe, des immigrants s'y inscrivent, la réussissent. Arrivent les employeurs: ils ne veulent pas d'un Français ou d'un Maghrébin, ils veulent quelqu'un qui connaît les routes du Québec, quelqu'un né en région. Le beau modèle mathématique — un manque ici, un travailleur là —, vient de s'effondrer. D'autant que les PME, grands employeurs du Québec, n'ont pas de service de ressources humaines pour s'adapter à la nouvelle donne et que seuls quelques organismes communautaires essaient de faire le pont, mais à coups de projets-pilotes et de financement insuffisant.

Mais l'intégration, c'est bien davantage que de dire: «La personne trouve du travail en français, c'est réglé», comme l'illustrait le président du Conseil supérieur de la langue française, Conrad Ouellon. Une fois sortis du boulot, Québécois de souche et nouveaux arrivants, à quelques exceptions près, s'ignorent superbement. Qui en parle? Qui prend à bras-le-corps la méfiance des gens d'ici et «l'entre-soi» de ceux qui arrivent?

À quoi s'ajoute le défi de la langue: il est invraisemblable que la loi 101 ne s'applique pas aux entreprises de moins de 50 employés, où se retrouvent pourtant une foule d'immigrants à qui l'on finira par reprocher leur anglicisation — belle façon pour la société de s'en laver les mains.

Enfin, ce qui complique la donne de l'immigration au Québec, c'est qu'il est un pays sans le nom, sans le pouvoir d'imposer tous ses choix, sans une histoire assumée. L'immigrant se perd dans ces paradoxes, s'en tient loin. Ce n'est, paraît-il, plus la mode d'en parler, mais l'arrière-fond de ce débat s'appelle toujours souveraineté.

samedi 10 septembre 2011

Etudiants étrangers = billet de banque pour le Québec?

Portes ouvertes aux étudiants étrangers

Au Québec, un étudiant postsecondaire sur dix est étranger

Lisa-Marie Gervais   3 septembre 2011
Brillant Indien de 22 ans, Vinayak Vadlamani est venu cet été suivre un stage en milieu universitaire à l’École de technologie supérieure de Montréal. Il fait partie de ces «cerveaux» parmi les plus prometteurs de sa génération que s’arrachent les pays industrialisés partout dans le monde. Quoique saine, cette féroce compétition n’est pas sans soulever des enjeux éthiques concernant le recrutement des étudiants étrangers. Notre texte fait le point en page A 8.<br />
Photo : Jacques Nadeau - Le Devoir
http://www.ledevoir.com/societe/education/330706/portes-ouvertes-aux-etudiants-etrangers
Brillant Indien de 22 ans, Vinayak Vadlamani est venu cet été suivre un stage en milieu universitaire à l’École de technologie supérieure de Montréal. Il fait partie de ces «cerveaux» parmi les plus prometteurs de sa génération que s’arrachent les pays industrialisés partout dans le monde. Quoique saine, cette féroce compétition n’est pas sans soulever des enjeux éthiques concernant le recrutement des étudiants étrangers. Notre texte fait le point en page A 8.
Imaginez cinquante-six immenses avions Airbus 380 alignés côte à côte sur le tarmac à l'aéroport Pierre-Elliott-Trudeau. Et imaginez qu'ils soient tous remplis à craquer d'étudiants, surtout au baccalauréat, pour la plupart en génie et en administration, provenant de Chine, de France, des États-Unis et même du Burkina Faso. Vous aurez là le portrait brossé à grands traits des quelque 29 400 étudiants étrangers qui sont venus faire des études postsecondaires l'an dernier au Québec. C'est le double d'il y a cinq ans.

Et cela ne s'arrête pas là. Les données préliminaires transmises par les différents établissements témoignent d'une forte augmentation de cette clientèle d'étudiants (non résidents) cette année, tant au cégep qu'à l'université. À telle enseigne que l'objectif de l'Initiative gouvernement-réseaux de l'éducation en matière de recrutement d'étudiants étrangers, établi en 2008, a été dépassé. Il est de 16 % alors qu'il était de 10 % sur trois ans. «C'est satisfaisant», estime Daniel Zizian, directeur général de la Conférence des recteurs et des principaux des universités du Québec (CREPUQ), en ne niant pas qu'il y aurait plus à faire encore.

C'est dire qu'il est loin le temps où les établissements d'études postsecondaires québécois, qui s'enorgueillissaient de recevoir une poignée de Français, osaient parler de grand brassage culturel. À son arrivée au Québec, Gustavo Gonçalves, étudiant brésilien au postdoctorat en sciences de l'éducation, s'est étonné du nombre d'étudiants qui, comme lui, venaient d'ailleurs. «J'ai été surpris de voir autant d'étudiants étrangers. Il y avait des latinos, des Belges, des Coréens, des Chinois...», a confié l'étudiant qui a choisi le Québec, attiré par la perspective de travailler dans une province bilingue.

Cette hausse du nombre d'étudiants étrangers est en partie le fruit des efforts des cégeps et des universités, plus intenses depuis dix ans, et des stratégies gouvernementales et missions de recrutement pour maintenir l'économie à flot et empêcher la province de prendre du retard en innovation dans certains domaines de pointe. On n'a qu'à penser à la mission économique en Chine que viennent d'effectuer le premier ministre Jean Charest et une délégation québécoise comprenant des gens du milieu de l'éducation.

La preuve de la «corrélation positive» entre l'éducation internationale et la performance économique n'est plus à faire. «C'est une vérité de La Palice que le Québec évolue dans un monde de plus en plus mondialisé et qu'il ne peut pas se permettre de s'isoler et de ne pas réseauter», soutient Jean-Pierre Ouellet, vice-recteur de l'Université du Québec à Rimouski (UQAR), dont l'université vient de signer une entente avec l'Ocean University of China.

Une mine d'or

L'étudiant étranger, avec tout ce qu'il trimballe de nouvelles idées, de nouveaux savoir-faire et même de folklore, est certes un gain net pour le Québec. Et ce, même s'il ne demeure pas au Québec après ses études, souligne Daniel Zizian. «L'internationalisation des campus, ça met nos étudiants en contact avec les étudiants étrangers, qui ont une autre culture et une autre approche des problèmes de la vie. À la fin de leurs études, soit ces étudiants restent et s'attaquent au défi démographique que le Québec doit relever, soit ils retournent chez eux et deviennent nos ambassadeurs, concluant des partenariats avec des établissements de recherche ou des entreprises d'ici», a-t-il expliqué.

Venu du Mexique faire ses études à l'Université Concordia, Rogelio Perez Buendia est du même avis. «Les avantages de la [mobilité] sont tant pour les pays d'accueil que pour nous et nos pays d'origine. C'est vrai qu'il se crée des liens avec nos collègues, et ça inclut des collaborations à long terme sur le plan universitaire. Moi, c'est ce que je vais chercher à faire», a dit ce doctorant en mathématiques.

Il est vrai que les étudiants étrangers rapportent. Ils paient des droits de scolarité supérieurs — de 12 084 à 14 978 $ au total pour les universitaires étrangers et de 8000 à 15 000 $ pour les cégépiens, selon les programmes —, mais surtout, ils consomment. Selon une récente étude de la firme Roslyn Kunin and Associates, les étudiants étrangers génèrent 6,5 milliards de retombées économiques, dont environ un milliard au Québec.

Ceux venus effectuer un deuxième ou troisième cycle d'études universitaires apportent également une expertise très précieuse. «Ça ajoute à la qualité de la formation et de l'environnement de recherche», a affirmé M. Ouellet. C'est d'ailleurs aux cycles supérieurs que se joue la compétition des cerveaux la plus féroce entre les pays fortement industrialisés. Et avec un voisin comme les États-Unis, qui a les moyens d'offrir des avantages et une rémunération inégalables, c'est carrément David contre Goliath.

Le Québec peut faire mieux

Si précieux soient tous ces étudiants étrangers pour le Québec, il reste beaucoup à faire pour les attirer et les intégrer au marché. Selon M. Zizian, le calcul est difficile à faire, mais on estime qu'environ 10 % des étudiants étrangers demeurent au Québec. Dans la grande chasse planétaire aux cerveaux, le Canada ne fait pas si bonne figure. Il ne récolte que 5,5 % du marché, indiquent des chiffres de l'étude Regard sur l'éducation 2010 de l'Organisation de coopération et de développement économiques, derrière les États-Unis (18,7 %), le Royaume-Uni (10 %), l'Allemagne (7,3 %), la France (7,3 %) et l'Australie (6,9 %). Parmi les autres provinces, le Québec arrive troisième pour son nombre d'étudiants étrangers, avec 16 % du lot.

Pourquoi n'attire-t-on pas plus d'étudiants étrangers? Il y a d'abord le français, qui, bien qu'il ajoute un brin d'exotisme et constitue parfois un atout, n'est pas la langue parlée par la majorité. «Le bassin de recrutement est beaucoup plus petit, et il faut donc travailler un certain nombre de marchés pointus pour aller chercher de la clientèle. Des Chinois qui parlent français, il y en a. Mais c'est plus difficile à trouver», dit M. Zizian. Et la France, le concurrent direct du Québec sur le plan de la langue, a des moyens promotionnels considérables, rappelle-t-il.

Très concurrentiels, le coût de la vie au Québec et les droits de scolarité somme toute moindres que ceux d'autres pays industrialisés ne semblent pas, de prime abord, constituer un obstacle au recrutement des étudiants. Toutefois, une déréglementation dans certains programmes de pointe, survenue en 2008, n'a pas aidé à les attirer.

Au niveau collégial, certaines techniques dites lourdes, comme la maintenance industrielle, coûtent plus cher en droits de scolarité qu'une inscription à un programme universitaire. Ce qui en décourage plus d'un. «À notre avis, c'est injustifié», déplore Évelyne Foy, directrice de Cégep international. «On voudrait avoir un tarif unique pour les étudiants étrangers. Ça fait des années qu'on demande ça. Mais on n'a jamais pu ouvrir la porte à cette discussion avec le ministère. Comment pouvons-nous être plus accueillants?»

Enfin, l'argent à dépenser en recrutement des étudiants étrangers n'est pas toujours au rendez-vous. Paradoxalement, Québec a annoncé au début de l'été qu'il mettait fin au Programme pour l'internationalisation de l'éducation québécoise, une enveloppe comprenant un montant de 300 000 $ pour les cégeps et de 400 000 pour les universités pour des missions de recrutement. «C'est très étonnant, dans un contexte où tout le monde voit l'importance d'aller à l'étranger», a déploré M. Zizian. «Une analyse faite à la CREPUQ montre clairement que lorsqu'on travaille en synergie, c'est plus rentable. Malheureusement, on vient de perdre l'enveloppe.»

jeudi 1 septembre 2011


Immigration: Legault propose «une pause» de deux ans

Valerian Mazataud   30 août 2011 
http://www.ledevoir.com/politique/quebec/330354/immigration-legault-propose-une-pause-de-deux-ans
La coalition propose de limiter à 45 000 le nombre d'immigrants annuels au Québec durant deux ans. Le nombre actuel d'immigrants accueillis par le Québec est de 55 000, et la CAQ souhaiterait le stabiliser à 50 000.
Photo : Jacques Nadeau - Le Devoir
 
La coalition propose de limiter à 45 000 le nombre d'immigrants annuels au Québec durant deux ans. Le nombre actuel d'immigrants accueillis par le Québec est de 55 000, et la CAQ souhaiterait le stabiliser à 50 000.
François Legault, le cofondateur de la Coalition pour l'avenir du Québec (CAQ), présentait hier ses propositions en matière de culture et de langue française. Le plan de 400 millions de dollars propose entre autres choses «d'observer une pause» dans l'immigration, de rouvrir l'accord Canada-Québec sur la réunification des familles ou d'interdire les écoles passerelles. L'ancien péquiste a également profité de l'événement pour confirmer qu'il ne serait pas opposé à un deuxième mandat potentiel.

M. Legault a en effet nuancé ses propos de la semaine dernière où il avait laissé entendre qu'il ne ferait qu'un seul mandat de cinq ans après quoi il quitterait la scène politique. Il a soutenu qu'un deuxième mandat pourrait être nécessaire pour mener les réformes qu'il souhaite. «Je ne souhaite pas, si je retourne en politique, en faire une carrière», a-t-il déclaré, admettant cependant qu'il était prêt à consacrer encore une dizaine d'années à la politique. «Est-ce que dix ans, c'est deux mandats? [...] C'est possible que ce soit nécessaire d'avoir un deuxième mandat pour finaliser des choses.»

Les deux fondateurs de la CAQ ont dévoilé hier à Québec le quatrième et dernier d'une série de textes visant à lancer des débats sur ses priorités.

Dans le document de 13 pages intitulé «Se rassembler autour de la langue française et de la culture québécoise», le CAQ fait part de six propositions pour promouvoir le français au Québec et trois propositions pour «s'approprier notre culture et notre identité». Deux cent cinquante millions de dollars seraient attribués à la langue et cent cinquante millions de dollars à la culture.

Baisser le seuil de l'immigration au Québec pendant deux ans, telle est une des propositions phare de François Legault et de Charles Sirois dans leur programme pour la langue française et la culture québécoise. Le CAQ propose aussi une hausse de 125 millions de dollars dans les ressources consacrées à l'intégration des nouveaux arrivants.

«Avec la baisse de la natalité, l'intégration des immigrants à la communauté linguistique francophone du Québec constitue un facteur-clé qui déterminera l'avenir du français au Québec», déclare M. Legault dans son dernier billet Internet.

Cent vingt-cinq millions de dollars seraient également attribués à l'enseignement du français au cégep. Enfin, les fondateurs de la Coalition envisagent la possibilité de renégocier les modalités de l'Accord Canada-Québec touchant la réunification familiale — pour rapatrier la sélection de 20 % des immigrants reçus dans la province — et de faire appel à la clause dérogatoire de la Charte de la langue française pour interdire les écoles passerelles.

Par ailleurs, une autre enveloppe de 150 millions de dollars serait utilisée pour stimuler la demande et l'exportation des produits culturels québécois et soutenir les grands événements culturels. Une somme de 50 millions permettrait par exemple aux élèves de la province d'assister à davantage de productions culturelles québécoises.

Un manque d'analyse

Dans sa deuxième proposition, la coalition propose de limiter à 45 000 le nombre d'immigrants annuels au Québec durant deux ans, afin de prendre le temps «de redéployer de manière plus rationnelle et plus efficace l'effort d'intégration des immigrants à la société québécoise.» Le nombre actuel d'immigrants accueillis par le Québec est de 55 000, et la CAQ souhaiterait le stabiliser à 50 000.

Pour Stephan Reichhold de la Table de concertation des organismes au service des personnes réfugiées et immigrantes, l'idée n'est pas neuve et n'a «pas beaucoup de sens». Les mécanismes pour bloquer les immigrants ne sont pas simples et prendraient plusieurs années avant d'avoir un effet, a-t-il opiné. M. Reichhold estime également que l'ensemble des mesures laissait supposer un manque d'analyse du dossier. «Il ne suffit pas d'injecter de l'argent pour régler le problème.»

Concernant la renégociation de l'Accord Canada-Québec concernant la réunification des familles, que propose le tandem Legault-Sirois, M. Reichhold a estimé que le Québec serait forcement perdant et que les négociations ne seraient «vraiment pas à son avantage». L'accord générerait selon lui un revenu annuel de 260 millions de dollars, bien supérieur à celui des autres provinces.

Enfin, M. Legault a répondu aux propos du premier ministre Jean Charest qui, lui, l'a accusé d'avoir des «intentions cachées» et de vouloir faire des «gestes brutaux et radicaux.» Demandant au ministre de cesser de «jouer au Bonhomme Sept-Heures», il s'est interrogé sur les propositions qui auraient pu être jugées radicales. «Si le premier ministre considère que ce sont des gestes radicaux que de vouloir que tous les Québécois aient un médecin de famille, j'ai un problème avec ça.»


Avec la collaboration d'Antoine Robitaille et La Presse canadienne