mercredi 22 avril 2009

pas de médecins car pas de recrutements !!

Médecine: l'une des pires années de recrutement

La médecine familiale reste de loin le secteur le plus boudé

Lisa-Marie Gervais   22 avril 2009
La médecine au Québec connaît l'une de ses pires années en matière de recrutement: selon des données préliminaires, 94 postes en résidence, sur un total de 846, seraient toujours vacants à l'issue du deuxième et dernier tour du Service canadien de jumelage de résidents (CaRMS), soit 72 postes en médecine familiale et 22 en spécialité. L'an dernier, au Québec, un total de 73 postes n'avaient pas été pourvus à la fin du processus de jumelage et en 2007 85 postes n'avaient pas trouvé preneur.

Sans grande surprise, la médecine familiale demeure le secteur le plus boudé par les futurs

médecins. Au Canada, à peine 32 % des étudiants ont été admis en médecine générale et, au Québec, les postes qui étaient ouverts dans cette discipline ont été pourvus à 80 %. Pour les spécialités cette année, le taux de comblement est de 95 %.

«Les résultats confirment ce qu'on appréhendait», a affirmé Louis Godin, président de la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec. Même s'il ne s'attendait pas à un deuxième tour «miraculeux», il se dit déçu de tels résultats. «On n'est même pas capables de pourvoir à 100 % les postes réservés en médecine de famille. Si on avait un taux de 95 % comme pour les spécialités, on serait déjà un peu plus souriants.» Le Dr Godin réitère l'urgence d'agir sur la question de l'attractivité de la médecine familiale.

Selon des données provisoires obtenues par Le Devoir, plusieurs soldes migratoires de facultés de médecine au Québec seraient négatifs en médecine familiale. Ainsi, 79 étudiants québécois seraient allés ailleurs au Canada ou aux États-Unis alors que le Québec n'aurait accueilli que 37 résidents venus d'ailleurs, créant ainsi un déficit net de 42 places.

À titre d'exemple, l'Université McGill aurait accueilli dix étudiants de l'extérieur du Québec mais en aurait perdu 11 au profit des autres provinces canadiennes pour un solde migratoire de -1. En spécialité, le solde migratoire est de -18.

Le président de la Fédération des médecins résidents du Québec, Martin Bernier, s'inquiète. Selon lui, les données des deux dernières années ont démontré que le fait que le CaRMS était un processus ouvert à tout le Canada jouait en défaveur du Québec. «Je vais attendre les données officielles du solde migratoire avant de me prononcer. Du reste, on observe qu'il y a encore trop de postes vacants en médecine familiale parce que ça manque de "glamour". Il y a sans doute la question de la rémunération qui joue aussi», a-t-il indiqué.

Certains résultats encourageants

N'empêche, certaines régions du Québec ont des résultats encourageants. Même si dans la ville de Québec on peine à recruter des médecins — seulement 75 % des postes en médecine familiale ont été pourvus —, le taux des postes pourvus dans les unités de médecine familiale en région serait de 86 %. À Gaspé, on aurait même embauché cinq diplômés alors qu'il n'y avait que quatre postes d'affichés. Par contre, à Rivière-du-loup-Trois-Pistoles, trois futurs médecins sur six manquent à l'appel. Ce qui met en colère un médecin africain bardé de diplômes et d'équivalences qui tente actuellement de faire sa place dans le système de santé. «J'avais postulé à Rivière-du-Loup. Pourquoi on ne m'a pas pris s'ils disent manquer de médecins?», s'interroge-t-il sous le couvert de l'anonymat.

Au Québec, 52 médecins DHCEU (diplômés hors Canada et États-Unis) ont été acceptés en résidence, dont 32 en médecine familiale, sur un total d'environ 130. L'an dernier, seulement 48,6 % des médecins diplômés à l'étranger qui avaient postulé un emploi avaient été acceptés, contre 40 % cette année.

Sur un total de 1387 médecins DHCEU qui ont postulé cette année pour la résidence dans l'une des 17 facultés de médecine du Canada, 392 diplômés ont obtenu un poste, un nombre record selon le CaRMS.

Au cabinet du ministre de la Santé, Yves Bolduc, on ne se dit pas surpris des résultats puisque le premier tour avait déjà annoncé une certaine désaffection de la médecine familiale. Pour renverser la tendance, le ministre mise notamment sur les solutions avancées lors de la table de concertation qui s'est tenue jeudi dernier.