vendredi 28 mars 2014

Mince espoir pour cet étudiant tunisien menacé d'expulsion

Par Catherine Pellerin | TVA Nouvelles
 http://tvanouvelles.ca/lcn/infos/regional/estduquebec/archives/2014/03/20140328-095458.html
 
Mince espoir pour cet étudiant tunisien qui craint de devoir retourner dans son pays. L'homme de 30 ans devait être expulsé du Canada lundi et laisser derrière lui sa conjointe et leur futur enfant. Il a pu toutefois obtenir in extremis un sursis, avec l'aide du bureau du député fédéral.
Les permis de l'étudiant étranger seront expirés le 31 mars. Toutefois, Waël Hermassy pourrait obtenir un visa de visiteur.
(Capture d'écran TVA Nouvelles)
Il pourra aussi demander à Ottawa un rétablissement son statut d'immigrant, ce qui lui permettra également pour l'instant de rester au pays sans être illégal.
«Il obtiendra un statut dans une zone grise. Avec cette demande à Ottawa, il ne peut y avoir d'ordre d'expulsion», explique Denis Pelletier, adjoint de circonscription au Bureau de François Lapointe.
Si le Tunisien est expulsé du pays, les démarches avec Immigration Canada prendront peut-être plusieurs années avant qu'il puisse revenir au Québec, retrouver sa famille.
Le couple se croise les doigts et attend maintenant la réponse du gouvernement. Ils garderont espoir jusqu'à la toute dernière minute.
La conjointe de Waël Hermassy, Manon Patoine, est présentement enceinte et mettra au monde leur bébé en septembre. Elle a peur de devoir se débrouiller seule si son conjoint est expulsé.
Les amoureux ont par ailleurs décidé de se marier. Un mariage civil, qui sera célébré samedi, et qui ne change rien à leur situation aux yeux d'Immigration Canada.

Le Québec recevra 50 000 immigrants en 2014

Une immigration massive injustifiable
Tribune libre de Vigile
 http://www.vigile.net/Le-Quebec-recevra-50-000
Le gouvernement de Jean Charest avait des raisons particulières d’accepter 55 000 nouveaux immigrants l’an dernier, mais la meilleure à ses yeux c’est que la plupart de ces futurs électeurs allaient éventuellement rallier l’électorat anglophone du parti libéral. C’est d’ailleurs ce qu’ont fait avant eux la majorité des immigrants admis au cours du long règne des libéraux à Ottawa et à Québec. Cela profite aux libéraux, mais c’est loin d’être à l’avantage du français au Québec.
Cette clientèle quasi-captive a transféré son sentiment de reconnaissance du Parti libéral fédéral au Parti libéral du Québec. Ce dernier a ainsi engrangé une forte proportion du vote des nouveaux citoyens d’origine asiatique, africaine ou pakistanaise sans effort. Il lui suffisait d’avoir un Tony Tomassi à Saint-Léonard, une Fatima Houda-Pépin dans La Pinière et quelques autres candidats d’origines diverses, pour récolter les fruits de la politique d’immigration « portes ouvertes » des leurs grands frères fédéraux.
L’augmentation du nombre d’immigrants admis au Québec n’a donc cessé de croître depuis les années 80 jusqu’à nos jours. Le mouvement a continué en dépit de la fluctuation des besoins en main-d’oeuvre, de l’évolution de nos échanges commerciaux et de la situation politique au pays comme à l’étranger. De 14 000 immigrants reçus en 1984, le Québec est passé à 26 000 en 1998 ; 49 000 en 2009 et 55 000 en 2012. Au total, plus d’un million d’immigrants se sont installés au Québec entre 1971 et 2006, et près de 200 000 de plus entre 2007 et 2010. C’est considérable, mais pour certains groupes de pression et plusieurs hommes d’affaires ce n’est pas encore assez. Qui a raison et pourquoi le nouveau gouvernement du Québec a-t-il décidé d’en recevoir encore 50 000 cette année ? Ce n’est pas très clair, ni très rationnel !
Souvent, les réponses dépendent du point de vue de ceux qui posent la question. Les chambres de commerce et certains dirigeants de grandes entreprises soutiennent que nous avons besoin de plus d’immigrants pour compenser la vieillissement de la population, le faible taux de natalité, et du même coup, combler les besoins en main-d’oeuvre. Mais le taux de chômage ne fléchit guère, si bien que la proportion d’immigrants qui n’arrive pas à trouver un emploi est deux fois plus élevée que celle des travailleurs nés au pays. Deux grandes banques, la Toronto Dominion et la Banque de Montréal, ont publié l’automne dernier des analyses du marché démontrant qu’il n’y avait pas de pénurie de main-d’oeuvre. Le ministre fédéral de l’Immigration Jason Kenney a publiquement reconnu que les demandes des employeurs étaient une « invention des hommes d’affaires » visant à freiner l’augmentation des salaires. S’il y avait pénurie de main-d’oeuvre nous aurions constaté une plus forte hausse des salaires, mais ils suivent à peine le rythme de l’inflation, a-t-il soutenu.
Selon le Centre pour une réforme des politiques d’immigration, un groupe de recherche indépendant, les gouvernements devraient mettre l’accent sur la formation et le retour au boulot des jeunes travailleurs qui ont perdu leurs emplois dans le secteur manufacturier en raison de la mondialisation. Les gouvernements doivent consacrer d’importantes ressources aux programmes de formation plutôt que d’aller chercher de la main-d’oeuvre étrangère incapable, elle aussi, de s’intégrer au marché du travail, ajoute le Centre. « L’immigration devrait répondre aux demandes réelles de main-d’oeuvre (quand il y en a) et non pas servir de réserve de travailleurs bon marché en concurrence avec les chômeurs en quête d’emplois, soutient le Centre dans une analyse des politiques gouvernementales publiée en janvier.
Devant de telles divergences d’opinion, comment en est-on arrivé à fixer la cible de l’immigration à 50 000 l’an dernier au Québec ? Apparemment, c’est après avoir consulté des « experts », c’est-à-dire quelques démographes et quelques économistes munis de boules de cristal. Pour l’année en cours, la ministre de l’Immigration et des communautés culturelles, Diane de Courcy, a simplement maintenu la politique établie par les libéraux tout en annonçant une possible réduction de 5 000 immigrants. Ce nombre est toutefois sujet à caution parce que les chiffres véritables ne seront connus qu’à la fin de l’année.
Selon des fonctionnaires, la ministre s’est contentée de manifester sa volonté de réduire le volume d’immigration mais elle ne pouvait guère faire davantage. Des milliers de dossiers de candidatures ont déjà été acceptés, une grande quantité sont sur le point de l’être et un nombre important de familles ont déjà engagé des sommes importantes pour venir au Québec. La ministre ne pouvait pas, en toute bonne foi, changer radicalement de cap au milieu de l’année. Elle a donc, par le fait même, fait sienne l’une des raisons invoquées par ses prédécesseurs libéraux pour justifier les hausses successives du seuil d’immigration, soit le maintien du poids du Québec au sein du Canada.
Il reste à voir si Mme de Courcy demandera des études sérieuses et osera entreprendre une véritable consultation avant d’établir le seuil d’immigration l’an prochain. Elle doit, à tout le moins, dépoussieré le rapport du Vérificateur général du Québec pour l’année 2010-2011. Celui-ci blâmait sévèrement l’incurie de son ministère et critiquait ses prévisions fantaisistes. Selon ce rapport, le ministère est d’une incompétence crasse. Seulement 9% des travailleurs sélectionnés, entre 2006 et 2008, avaient un profil qui correspondait aux exigences « des domaines de formation privilégiés » alors que 65% n’avaient obtenu aucun point au critère« domaine de formation ». C’est donc dire que le processus de sélection avait été bâclé. En termes clairs, les fonctionnaires acceptent des candidats condamnés au chômage ou à vivoter dans des petits boulots dont ils parviennent difficilement à sortir.
En ce qui a trait au nombre d’immigrants, le Québec en reçoit proportionnellement moins que le Canada anglais, mais davantage que les États-Unis et plusieurs autres pays industrialisés. Les études démographiques disent qu’il est mathématiquement impossible que l’augmentation du nombre d’immigrants influence substantiellement le processus de vieillissement de la population. Pas plus d’ailleurs qu’elle ne compense la faiblesse du taux de natalité. Sur le plan économique, différentes recherches menées au pays et au Royaume-Uni concluaient que « quelle que soit la méthode adoptée, quel que soit le pays, quelle que soit la période considérée, les résultats convergent tous vers la même conclusion : l’immigration n’exerce qu’un effet marginal …sur l’évolution du revenu par habitant, du salaire et du taux de chômage ».
Si l’effet de l’immigration est marginal sur le plan économique il ne l’est certainement pas sur le plan linguistique. L’argument bancal selon lequel nous devons admettre de plus en plus d’immigrants pour maintenir le poids du Québec et assurer l’avenir de la seule société de langue française en Amérique est démenti par les faits. Loin de protéger la place du français, l’immigration massive menace sa survie à long terme. Alors que 89% de la population du Québec parle français à la maison, plus de la moitié des immigrants adoptent l’anglais. Leurs enfants, arrivés après l’adoption de la Loi 101, vont obligatoirement à l’école en français, mais ils se tournent vers l’anglais aussitôt arrivés au Cégep. Le problème demeure donc entier et ne peut être résolu, dans le cadre politique fédéral actuel, sans une profonde remise en question de la politique d’immigration du Québec.