dimanche 31 janvier 2010

Entente France-Québec

Des aspirants médecins mécontents

Mise à jour le mercredi 9 décembre 2009 à 22 h 47

Médecin
Photo: La Presse Canadienne /David J. Phillip
(archives)

L'Association des Français de l'étranger (AFE) pourfend l'Arrangement de reconnaissance mutuelle (ARM) signé par l'Ordre des médecins français et le Collège des médecins du Québec le 27 novembre à Paris.
Elle soutient que cette entente, censée accroître la mobilité de la main-d'oeuvre de part et d'autre de l'Atlantique, révèle « une nette inégalité de traitement entre les médecins diplômés français et québécois ».
L'AFE, qui constitue une assemblée représentative des Français établis hors de France, impute cette situation au « corporatisme » dont ferait preuve le Collège des médecins.
Selon l'AFE, un médecin québécois voulant exercer en pratique privée en France doit tout simplement déposer son dossier auprès du Conseil de l'Ordre du département français dans lequel il veut s'installer et se soumettre à quelques démarches administratives.
Le médecin français doit pour sa part se soumettre à un long et coûteux processus, soutient l'AFE. Il doit d'abord participer à une semaine d'observation (300 $), préalable à un stage d'évaluation de trois mois (12 000 $) dans un cadre universitaire ou réglementé. Il doit ensuite passer un examen. S'il réussit, il se verra délivrer un permis restrictif d'exercice d'un an dans un établissement public, au terme duquel il doit passer un autre examen. Il peut aussi recevoir un permis restrictif de cinq ans qui n'est pas assujetti à un examen.
« L'Ordre des médecins français a parfaitement joué le jeu de la transparence et de la réciprocité "permis sur permis" », affirme un conseiller élu de l'AFE, François Lubrina, dans un communiqué publié mercredi. « Ce n'est pas le cas du Collège des médecins du Québec qui, une fois encore, s'ingénie à compliquer l'accès aux diplômés français ».
M. Lubrina souligne qu'il « regrette vivement ce corporatisme médical qui nuit à la mobilité professionnelle », mais précise qu'il demeure un ardent promoteur de l'entente France-Québec de reconnaissance mutuelle des qualifications professionnelles signée le 17 octobre 2008 à Québec.
Le communiqué de l'AFE est assorti de commentaires virulents de la part de médecins français vivant au Québec.
La cardiologue Anne-Marie Jouan, par exemple, soutient que l'entente ne favorisera pas l'arrivée au Québec de médecins français. « C'est un accord de papier, sans impact réel, un plein succès pour la volonté corporatiste des instances médicales québécoises, une honte pour les signataires français. Quant aux patients québécois, ils ont encore quelques années devant eux pourtrouver un médecin de famille et faire la queue à l'urgence des heures d'affilée », dit-elle.
Un médecin généraliste français vivant au Québec, Jean-Louis Brunier, va encore plus loin. « Une différence d'accès aussi flagrante entre médecins français et québécois risque de favoriser un départ massif de médecins québécois attirés par des climats plus chaleureux, qui ne sera pas compensé par une arrivée de médecins français, accentuant encore plus la désertification médicale du Québec ».