dimanche 31 janvier 2010

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Journaliste:Nicolas Duguay
Mise à jour le vendredi 14 août 2009 à 16 h 02

Pénurie et frustration


Le Québec, tout comme le Canada par ailleurs, est confronté à une importante pénurie d'effectifs médicaux, et ce, alors qu'un nombre grandissant de jeunes Québécois diplômés de nos écoles de médecine choisissent de quitter la province afin de poursuivre leur formation ailleurs.
Si la plupart d'entre eux vont revenir au terme de leur formation postdoctorale, un nombre inquiétant, séduit par des conditions de pratiques bien souvent plus avantageuses qu'ici, s'installera pour de bon à l'extérieur du Québec.
Et pendant ce temps, des médecins formés à l'étranger doivent, année après année, rester sur le carreau sans pouvoir pratiquer la médecine au Québec.
Cette année seulement, 78 médecins diplômés à l'étranger sur les 130 qui avaient postulé pour une place en résidence se sont cogné le nez à une porte fermée, même si leur diplôme a été reconnu par le Collège des médecins. En même temps, 94 postes en résidence n'ont pu être pourvus au Québec, faute de candidats de qualité...
Frustrés, ces médecins formés ailleurs et qui croyaient que le Québec allait les accueillir à bras ouverts, parlent de racisme, de corporatisme, de discrimination.
Le Québec admet une plus grande proportion de médecins étrangers que l'ensemble du Canada
En 2008, il y avait 19 624 médecins au Québec, dont 9632 médecins de famille et 9982 médecins spécialistes. Parmi eux, 2112 médecins de 75 pays différents avaient reçu leur formation ailleurs qu'au Canada ou aux États-Unis.
Comlan Amouzou, président de la Coalition des associations de médecins diplômés à l'étranger, affirmait au Devoir, l'an dernier, que « le problème, ici, c'est que les médecins sont payés à l'acte. Leur but est de voir le plus grand nombre de patients possible et ils n'ont plus de temps pour former les nouveaux médecins ».
« Les médecins qui arrivent de l'étranger ne coûtent rien au système parce qu'ils ont déjà leur formation. Pourquoi ne pas les mettre plus rapidement dans un programme de stage ? », demande M. Amouzou.
Le Collège des médecins explique que l'admission aux facultés de médecine n'est pas de son ressort; les facultés de médecine, elles, se disent débordées et incapables de consacrer davantage de ressources à des médecins étrangers qui nécessitent souvent un encadrement plus lourd.
Et, pendant ce temps, Québec hausse le ton tout en s'avouant impuissant.
Pour y voir plus clair, essayons de lever le voile à la fois sur la formation d'un médecin au Québec et sur le parcours qu'aura à franchir un médecin formé à l'étranger et désireux de pratiquer au Québec.