jeudi 3 juin 2010

Risqué de se faire soigner ?

Stéphanie Saucier 03/06/2010

http://www.24hmontreal.canoe.ca/24hmontreal/actualites/archives/2010/06/20100603-182653.html


Danielle D'Amour en compagnie de son collègue au Centre FERASI, Carl-Ardy Dubois.
Photo : 24H


Au moins 150 patients ont été victimes d’un accident attribuable aux soins prodigués par du personnel infirmier entre 2007 et 2010, selon une étude du Centre de formation et expertise en recherche en administration des services infirmiers (FERASI), dévoilée jeudi.

Lors d’un Colloque en soins infirmiers qui se tenait à Montréal, jeudi, la directrice scientifique à la Faculté des sciences infirmières de l’Université de Montréal et chercheuse à FERASI, Danielle D’Amour a expliqué en être arrivée à ce constat après avoir analysé les dossiers de 2700 patients sur une période de trois ans.

Après analyse de ces données, la chercheuse en arrive à la conclusion que le risque moyen d’avoir au moins un accident est de 22 % et que le nombre d’accidents par patient peut varier entre un et huit.

En outre, parmi tous les dossiers de patients, 596 ont été victime d'au moins un accident, et le tiers d’entre eux, soit près de 200, a subi des conséquences majeures allant du prolongement de l’hospitalisation au décès.

De ce dernier groupe, 75 % des accidents, donc 150, sont attribuables aux soins infirmiers comme une chute ou une erreur médicale.

Modèles d’organisation déficients ?

Mme D’Amour a également conclu que la majorité des établissements de santé du Québec fonctionne avec un modèle d'organisation des services infirmiers qui menace la sécurité et la qualité des soins.

Présentant quatre façons de faire différentes, les chercheurs ont conclu que le modèle de gestion de personnel utilisé dans neuf unités de soins infirmiers du Québec sur les 22 étudiées, est celui qui performe le moins bien.

La chercheuse refuse toutefois de faire le procès des établissements de santé et d’indiquer ceux qui utilisent le modèle le moins performant.

Besoin de personnel qualifié

Les unités utilisant le « modèle fonctionnel en ajustement », qui opèrent avec peu d’infirmières, mais compensent avec l’ajout de personnel auxiliaire ou des préposés aux bénéficiaires, ont en effet eu deux fois plus d’accidents que celles utilisant d’autre modèles, plus optimaux.

Le meilleur d’entre eux, le « modèle professionnel innovant », permet d’avoir plus d’infirmières et davantage de personnel hautement qualifié, comme des infirmières bachelières. Il n’est toutefois en place que dans une seule des 22 unités observées.

« On se rend compte que la présence d’une plus grande proportion d’infirmières fait la différence, tout comme leur niveau de qualification », indique Mme D’Amour qui craint pour la sécurité des patients.

Responsable d’un projet d’organisation du travail pour le ministère de la Santé et des Services sociaux, Martin Bédard croit qu’il est temps de « se mettre en mode solution ».

Celui qui travaille sur la réorganisation du travail dans des secteurs d’activités où la pénurie est plus grande, comme les urgences, les soins intensifs, le bloc opératoire, les CHSLD et le soutien à domicile croit qu’il faut réajuster le tir en fonction des ressources disponibles.

stephanie.saucier@24-heures.ca