jeudi 1 juillet 2010

Vient chez moi et inversement...

Entente Québec-France sur la mobilité des infirmières

La Presse canadienne 30 juin 2010

Les signataires de l'entente, Gyslaine Desrosiers pour le Québec et Dominique Le Boeuf pour la France. A l'arrière, le ministre Pierre Arcand, le premier ministre Jean Charest, et le ministre français Bernard Kouchner.

Photo : La Presse canadienne (photo) Jacques Brinon/AP
http://www.ledevoir.com/politique/quebec/291799/entente-quebec-france-sur-la-mobilite-des-infirmieres

Les infirmières québécoises pourront bientôt aller exercer leur profession en France et leurs collègues françaises venir au Québec, en vertu d'un Arrangement de reconnaissance mutuelle (ARM) signé aujourd'hui à Paris.

Mais dans la réalité, les mouvements devraient rester très limités, estiment les présidentes de leurs ordres respectifs, Gyslaine Desrosiers pour le Québec et Dominique Le Boeuf pour la France.

Sous les lambris du Quai d'Orsay et le regard bienveillant du premier ministre Jean Charest et du ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, Mmes Desrosiers et Le Boeuf ont signé l'ARM qui fait aux infirmières la promesse de la mobilité.

«C'est tout à fait exceptionnel, ça ne s'est jamais fait», a lancé, enthousiaste, le ministre Kouchner. «C'est une première mondiale. Ca n'existe pas ailleurs», a renchéri le premier ministre Charest.

C'est surtout symbolique, ont pour leur part nuancé, après la cérémonie, les présidentes des deux ordres infirmiers.

À l'évidence, ni l'une ni l'autre ne pense que l'ouverture du territoire québécois aux Françaises suffira à remédier à la pénurie d'infirmières. Aucune ne s'attend non plus à un exode des infirmières québécoises vers la France, où le salaire tourne autour 26 000 $ par an (après impôt).

Dans l'absolu, d'ailleurs, rien n'empêchait jusqu'ici les infirmières de tenter l'expérience, sans que cela ne provoque de grands mouvements migratoires. Seulement 70 Françaises travaillent au Québec, indique-t-on. En France, les Québécoises se compteraient «sur les doigts de la main» (alors qu'elles sont plus d'une centaine en Suisse).

Leurs consoeurs qui les imiteront dans l'avenir pourront franchir le pas plus facilement. Elles n'auront plus à passer d'examen d'admission, puisque leurs qualifications professionnelles sont désormais reconnues. Elles pourront pratiquer leur art après une formation de quelques semaines.

Cela n'est pas vrai pour tout le monde cependant. Le nouvel ARM, en effet, ne touche pas toutes les infirmières québécoises, mais seulement un tiers d'entre elles, celles qui ont la formation universitaire répondant aux standards français et européens. Celles qui ont un diplôme d'études collégiales (DEC) ne sont pas couvertes par l'accord.

Mathématiquement, le Québec sort gagnant de l'affaire. Avec ses 440 000 infirmières, la France lui offre un immense bassin de recrutement, alors que seulement 23 000 Québécoises (sur plus de 70 000) sont suffisamment qualifiées pour travailler dans les hôpitaux français.

Le premier ministre Charest pense pour sa part que tout le monde sera gagnant, à commencer par les infirmières des deux pays.

«C'est à l'avantage des infirmières, a-t-il dit. Ça crée un environnement où chacun devra faire des efforts pour les attirer ou les retenir. Il y aura une saine émulation

Pour Dominique Le Boeuf, la présidente du Conseil national de l'ordre infirmier, cette mobilité contribuera surtout à accroître l'attractivité de la profession, en offrant la possibilité à de jeunes infirmières (elles ont 23 ans en moyenne en France) «de vivre une expérience dans un pays qu'on aime beaucoup».

Prochaine visite

Par ailleurs, le premier ministre Jean Charest a profité de sa courte «visite de travail» en France pour préparer sa prochaine «visite officielle» dans l'Hexagone.

M. Charest effectuera une nouvelle mission en sol français en novembre prochain, cette fois dans le cadre des «visites alternées» entre premiers ministres instituées par René Lévesque et Raymond Barre en 1977. Il s'agira de son cinquième séjour en France en deux ans.

Le chef du gouvernement a abordé le sujet avec son homologue français François Filion mardi, puis aujourd'hui avec le président Nicolas Sarkozy, non sans l'avoir évoqué quelques heures plus tôt en présence du ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner.

À chaque occasion, M. Charest a indiqué à la presse qu'il entendait profiter de sa prochaine visite pour «marquer» de manière importante le cinquantième anniversaire de la délégation générale du Québec à Paris, inaugurée en octobre 1961. Le demi-siècle de la Révolution tranquille sera également souligné, a-t-il indiqué.

Le premier ministre a conclu sa visite de deux jours à Paris en fin d'après-midi en se rendant à l'Élysée, où il a été reçu pendant près de 45 minutes par le président Sarkozy. Celui-ci est sorti pour accueillir son hôte sur le perron de l'Élysée. Il l'a aussi raccompagné à la fin de leur entretien et lui a fait l'accolade avant qu'il regagne sa voiture.

L'entretien a été rondement mené. Les deux hommes ont fait encore une fois le point sur les grands dossiers franco-québécois de l'heure: la négociation d'un nouveau «partenariat économique» entre le Canada et l'Europe et l'entente sur la reconnaissance des compétences.

M. Charest rentre au Québec jeudi.