samedi 28 janvier 2023

Le grand virage de l’immigration

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 https://www.ledevoir.com/societe/778746/societe-le-grand-virage-de-l-immigration?utm_source=recirculation&utm_medium=hyperlien&utm_campaign=boite_extra

Intégration, capacité d’accueil, résidents permanents : pendant que les débats sur l’immigration se focalisent sur la cible de 50 000, ce sont au moins trois fois plus de gens chaque année qui arrivent au Québec avec un permis temporaire ou qui le renouvellent. Les chiffres et les experts sont sans équivoque, c’est un véritable virage de l’immigration qui s’opère en silence.

« Parler des niveaux permanents est absurde et obsolète, puisque l’outil principal est devenu l’immigration temporaire », exprime Stephan Reichhold, directeur général de la Table de concertation des organismes au service des personnes réfugiées et immigrantes (TCRI). « Parler seulement de résidents permanents n’illustre pas réellement la réalité au Québec », poursuit-il.

« C’est un faux débat de parler du seuil [de 50 000], car ils viennent de toute façon sur des voies temporaires », affirme aussi Denis Hamel, vice-président des politiques de développement de la main-d’oeuvre au Conseil du patronat du Québec (CPQ).

On perd l’élément intégration et [le fait de pouvoir] dire que ces gens font partie de notre société, ce qui était à la base de notre philosophie

 

Ce déséquilibre vers le temporaire est incontestable, dit-il, et les employeurs membres du CPQ le constatent sur le terrain. « Mettez-vous dans la peau de l’employeur qui doit pourvoir un poste vacant. Il a trouvé un candidat à l’étranger, qui arriverait idéalement comme résident permanent, mais c’est quasi impossible en ce moment. Alors il [l’employeur] prend une voie plus rapide, une voie de contournement », expose-t-il en détail.


C’est « l’arbre qui cache la forêt », affirme également Mireille Paquet, titulaire de la Chaire de recherche en politique de l’immigration de l’Université Concordia.

La professeure y voit une certaine contradiction : « Le gouvernement dit pouvoir régler nos problèmes sans avoir recours à l’immigration. Mais c’est du discours, pas la pratique réelle. »

La « pratique réelle » est que le nombre d’immigrants continue de grimper, mais en passant par des catégories temporaires, disent d’une seule voix ces trois observateurs d’horizons différents.