jeudi 1 septembre 2011


Immigration: Legault propose «une pause» de deux ans

Valerian Mazataud   30 août 2011 
http://www.ledevoir.com/politique/quebec/330354/immigration-legault-propose-une-pause-de-deux-ans
La coalition propose de limiter à 45 000 le nombre d'immigrants annuels au Québec durant deux ans. Le nombre actuel d'immigrants accueillis par le Québec est de 55 000, et la CAQ souhaiterait le stabiliser à 50 000.
Photo : Jacques Nadeau - Le Devoir
 
La coalition propose de limiter à 45 000 le nombre d'immigrants annuels au Québec durant deux ans. Le nombre actuel d'immigrants accueillis par le Québec est de 55 000, et la CAQ souhaiterait le stabiliser à 50 000.
François Legault, le cofondateur de la Coalition pour l'avenir du Québec (CAQ), présentait hier ses propositions en matière de culture et de langue française. Le plan de 400 millions de dollars propose entre autres choses «d'observer une pause» dans l'immigration, de rouvrir l'accord Canada-Québec sur la réunification des familles ou d'interdire les écoles passerelles. L'ancien péquiste a également profité de l'événement pour confirmer qu'il ne serait pas opposé à un deuxième mandat potentiel.

M. Legault a en effet nuancé ses propos de la semaine dernière où il avait laissé entendre qu'il ne ferait qu'un seul mandat de cinq ans après quoi il quitterait la scène politique. Il a soutenu qu'un deuxième mandat pourrait être nécessaire pour mener les réformes qu'il souhaite. «Je ne souhaite pas, si je retourne en politique, en faire une carrière», a-t-il déclaré, admettant cependant qu'il était prêt à consacrer encore une dizaine d'années à la politique. «Est-ce que dix ans, c'est deux mandats? [...] C'est possible que ce soit nécessaire d'avoir un deuxième mandat pour finaliser des choses.»

Les deux fondateurs de la CAQ ont dévoilé hier à Québec le quatrième et dernier d'une série de textes visant à lancer des débats sur ses priorités.

Dans le document de 13 pages intitulé «Se rassembler autour de la langue française et de la culture québécoise», le CAQ fait part de six propositions pour promouvoir le français au Québec et trois propositions pour «s'approprier notre culture et notre identité». Deux cent cinquante millions de dollars seraient attribués à la langue et cent cinquante millions de dollars à la culture.

Baisser le seuil de l'immigration au Québec pendant deux ans, telle est une des propositions phare de François Legault et de Charles Sirois dans leur programme pour la langue française et la culture québécoise. Le CAQ propose aussi une hausse de 125 millions de dollars dans les ressources consacrées à l'intégration des nouveaux arrivants.

«Avec la baisse de la natalité, l'intégration des immigrants à la communauté linguistique francophone du Québec constitue un facteur-clé qui déterminera l'avenir du français au Québec», déclare M. Legault dans son dernier billet Internet.

Cent vingt-cinq millions de dollars seraient également attribués à l'enseignement du français au cégep. Enfin, les fondateurs de la Coalition envisagent la possibilité de renégocier les modalités de l'Accord Canada-Québec touchant la réunification familiale — pour rapatrier la sélection de 20 % des immigrants reçus dans la province — et de faire appel à la clause dérogatoire de la Charte de la langue française pour interdire les écoles passerelles.

Par ailleurs, une autre enveloppe de 150 millions de dollars serait utilisée pour stimuler la demande et l'exportation des produits culturels québécois et soutenir les grands événements culturels. Une somme de 50 millions permettrait par exemple aux élèves de la province d'assister à davantage de productions culturelles québécoises.

Un manque d'analyse

Dans sa deuxième proposition, la coalition propose de limiter à 45 000 le nombre d'immigrants annuels au Québec durant deux ans, afin de prendre le temps «de redéployer de manière plus rationnelle et plus efficace l'effort d'intégration des immigrants à la société québécoise.» Le nombre actuel d'immigrants accueillis par le Québec est de 55 000, et la CAQ souhaiterait le stabiliser à 50 000.

Pour Stephan Reichhold de la Table de concertation des organismes au service des personnes réfugiées et immigrantes, l'idée n'est pas neuve et n'a «pas beaucoup de sens». Les mécanismes pour bloquer les immigrants ne sont pas simples et prendraient plusieurs années avant d'avoir un effet, a-t-il opiné. M. Reichhold estime également que l'ensemble des mesures laissait supposer un manque d'analyse du dossier. «Il ne suffit pas d'injecter de l'argent pour régler le problème.»

Concernant la renégociation de l'Accord Canada-Québec concernant la réunification des familles, que propose le tandem Legault-Sirois, M. Reichhold a estimé que le Québec serait forcement perdant et que les négociations ne seraient «vraiment pas à son avantage». L'accord générerait selon lui un revenu annuel de 260 millions de dollars, bien supérieur à celui des autres provinces.

Enfin, M. Legault a répondu aux propos du premier ministre Jean Charest qui, lui, l'a accusé d'avoir des «intentions cachées» et de vouloir faire des «gestes brutaux et radicaux.» Demandant au ministre de cesser de «jouer au Bonhomme Sept-Heures», il s'est interrogé sur les propositions qui auraient pu être jugées radicales. «Si le premier ministre considère que ce sont des gestes radicaux que de vouloir que tous les Québécois aient un médecin de famille, j'ai un problème avec ça.»


Avec la collaboration d'Antoine Robitaille et La Presse canadienne