mercredi 16 novembre 2011

Objectif: plus de 51 000 immigrants par année

Québec n'entend toutefois pas augmenter les budgets de francisation et d'intégration

Robert Dutrisac   2 novembre 2011
Québec — Le gouvernement Charest juge que le Québec peut accueillir un nombre élevé d'immigrants, soit entre 51 200 et 53 800 en 2012, sans pour autant consacrer davantage de ressources à leur francisation et à leur intégration.

C'est ce qu'a soutenu, hier, la ministre de l'Immigration et des Communautés culturelles, Kathleen Weil, alors qu'elle présentait le plan d'immigration pour 2012 qui fait suite aux consultations sur la planification de l'immigration pour la période 2012-2015.

Il n'y a aucune nécessité d'augmenter les budgets consacrés à la francisation des immigrants, estime Kathleen Weil. «Je pense qu'on réussit bien au niveau de la francisation. On a des résultats, a-t-elle souligné. Les gens qui s'inscrivent ou qui veulent des cours de francisation, on répond à la demande.» Rappelons qu'en 2010, le ministère de l'Immigration et des Communautés culturelles (MICC) avait réduit de 5 millions les sommes allouées à la francisation des immigrants en se limitant à un budget annuel de 67 millions. Par ailleurs, environ 20 % des nouveaux arrivants qui ne connaissent pas le français ou le connaissent peu ne s'inscrivent pas aux cours dispensés par le MICC.

Intégration réussie

Nul besoin non plus de dépenser davantage pour l'intégration des immigrants puisque le gouvernement atteindra ses objectifs à ce chapitre. «Oui, absolument, absolument», a affirmé Kathleen Weil. «Ce n'est pas le ministère qui seul s'assure de l'intégration. [...] Emploi-Québec, c'est vraiment le ministère qui accompagne la personne jusqu'à l'emploi.» La ministre a signalé que les taux élevés de chômage chez les immigrants arrivés depuis cinq ans ou moins avaient légèrement diminué de 2009 à 2010 au Québec par rapport à l'Ontario et la Colombie-Britannique.

Kathleen Weil a indiqué que son gouvernement dépensait 300 millions annuellement pour l'immigration, soit davantage que les 260 millions qu'il reçoit du gouvernement fédéral en vertu de l'entente Ottawa-Québec. La ministre n'a toutefois pas mentionné qu'en plus, Québec perçoit quelque 35 millions par an des nouveaux arrivants pour la gestion de leur dossier.

Le Québec accueillera donc un maximum de près de 54 000 immigrants en 2012, soit l'équivalent du nombre record atteint en 2010. Ce nombre devrait diminuer graduellement à 50 000 d'ici 2015. L'immigration économique constituera 70 % des nouveaux arrivants, 5 % de plus que la moyenne des dernières années, et 65 % diront connaître le français, une légère progression.

Lors des consultations publiques plus tôt cette année, Kathleen Weil avait abandonné l'orientation du MICC de limiter à 30 % le nombre d'immigrants en provenance d'un seul continent, alors que 37 % des immigrants proviennent d'Afrique, principalement du Maghreb. «Il y avait tant de monde qui avait ce malaise parce qu'on ne veut pas donner une image du Québec qui est fermé à cette immigration», a-t-elle fait valoir. Or, en 2012, la part des immigrants en provenance d'Afrique chutera à 31 %. Mais il s'agit d'une variation ponctuelle, a-t-on expliqué au ministère. Plusieurs missions de sélection ont été annulées en raison du Printemps arabe et des troubles en Côte-d'Ivoire.