lundi 6 octobre 2008

et l'éducation ??

Publié le 05 octobre 2008 à 23h43 | Mis à jour le 06 octobre 2008 à 10h29

Le nombre de profs sans permis explose

Le nombre de profs sans permis explose

Photo: Alain Roberge / La Presse
Marie Allard
La Presse

Le nombre de professeurs sans permis a atteint 2345 l'an dernier dans les écoles du Québec. Il s'agit d'une hausse de 1121 % en cinq ans ! C'est la pénurie d'enseignants légalement qualifiés qui force les écoles à demander des «tolérances d'engagement» au ministère de l'Éducation, afin de recruter des gens qui n'ont pas de formation classique de professeur.
«Oui, c'est en augmentation», a dit à La Presse Stéphanie Tremblay, agente d'information au Ministère. Il y a deux ans, pourtant, le Ministère avait annoncé qu'il allait «stabiliser et même diminuer le nombre de tolérances d'engagement». Les autorisations provisoires accordées depuis aux étudiants en fin de parcours et aux titulaires d'un baccalauréat dans une matière donnée désireux de se recycler n'ont pas suffi. En deux ans, le nombre de tolérances a plus que doublé : il est passé de 1054 à 2345.

Tant les écoles privées (457 tolérances) que publiques (1888) ont fait appel à des professeurs sans permis en 2007-2008. «Mais on ne recrute pas n'importe qui, a indiqué Bernard Tremblay, directeur des relations du travail à la Fédération des commissions scolaires. Il ne faut pas faire d'adéquation entre tolérance d'engagement et incompétence.

Il est vrai que la majorité des profs sans permis (70 %) ont un baccalauréat ou une maîtrise, souvent lié à la matière qu'ils enseignent. Fait inquiétant, 210 profs embauchés l'an dernier n'avaient qu'un diplôme d'études collégiales, et 57 avaient seulement un diplôme d'études secondaires général ou professionnel. Des diplômés du secondaire ont enseigné l'anglais, la musique, l'éducation physique, la religion, même les mathématiques ! Le reste (18 % des profs sans permis) a une formation qualifiée d'« autre » par le Ministère.

Pénurie dans plusieurs matières

C'est le secteur de l'adaptation scolaire - avec 307 professeurs sans permis - qui est le plus touché par la pénurie. La cause ? Le Ministère a ajouté 1200 postes d'orthopédagogue en trois ans, alors qu'il n'y avait pas assez de candidats en réserve.

La crise s'aggrave aussi en anglais langue seconde : il y avait 274 professeurs sans permis en 2007-2008, une cinquantaine de plus que l'année précédente. «C'est un effet de l'introduction de l'anglais en première année», a expliqué Stéphanie Tremblay, du ministère de l'Éducation.

La situation inquiète Micheline Schink, présidente de l'association de professeurs d'anglais SPEAQ. «Est-ce que ces gens ont une connaissance suffisante de la langue anglaise pour l'enseigner? s'interroge-t-elle. Quelles connaissances en pédagogie et en didactique ont-ils? On ne le sait pas.»

Les mathématiques sont la troisième matière la plus touchée, avec 244 tolérances. «On a un problème chronique en mathématiques, indique Bernard Tremblay, de la Fédération des commissions scolaires. On engage tous ceux qui ont le diplôme d'enseignement des mathématiques, mais il nous en faut encore plus et il n'y en a pas. On sera toujours en manque s'il n'y a pas des mesures particulières.»

En français langue d'enseignement, on comptait 209 profs sans permis. «Ce n'est pas une bonne nouvelle, même si ce sont 209 enseignants de français sur 5000 à 6000 dans la province», commente Arlette Piotte, présidente de l'Association québécoise de professeurs de français. À court terme, cette pénurie de profs de français va s'aggraver. «On le prévoit», ajoute-t-elle.

Les commissions scolaires doutent que les solutions soient suffisantes.
Le noeud du problème vient du fait que, depuis 1995, il faut obligatoirement terminer un baccalauréat en enseignement de quatre ans pour décrocher le permis d'enseigner au Québec, même si on détient déjà un baccalauréat ou une maîtrise dans une matière enseignée. Des passerelles, qui réduisent la formation en enseignement à deux ou trois ans, sont toutefois apparues ces dernières années. Une nouvelle maîtrise menant au permis vient aussi d'être créée.

Les avis sont partagés quant à savoir si ces mesures régleront la pénurie. Arlette Piotte a bon espoir de voir des diplômés de littérature ou de linguistique combler bientôt les postes vacants en français.
Bernard Tremblay est plus nuancé. «Les passerelles, c'est un premier effort, mais on doute que ce soit suffisant, a-t-il indiqué. Les gens doivent tout même faire l'équivalent de deux ou trois ans d'université, c'est exigeant. On pense qu'il faudra une souplesse supplémentaire.»

Profs sans permis en 2007-2008 (équivalent temps plein)
Au public 1888
Au privé 457
Total 2345
Les cinq matières où il y a le plus de profs sans permis en 2007-2008
Adaptation scolaire 307
Anglais langue seconde 274
Maths 244
Religion, morale, éthique et culture religieuse 241
Français langue d'enseignement 209
Tolérances d'engagement, profs sans permis (équivalent temps plein)
En 2007-2008 2345
En 2006-2007 1739
En 2005-2006 1054
En 2004-2005 716
En 2003-2004 409
En 2002-2003 192
Hausse en cinq ans 1121%

Source: données du ministère de l'Éducation demandées par La Presse


En 2005, le Québec souffrait déjà d'une grave pénurie de professeurs qualifiés et utilisait les services de plus de 700 enseignants sans permis pour remédier à la situation. Le nombre d'enseignants sans permis a augmenté de 523% par rapport à il y a quatre ans.
(ndl: ce qui veut dire qu'en 2001 il y avait déjà un grave problème)


Éducation - Grave pénurie d'enseignants dans les écoles du Québec
LCN

Éducation

Grave pénurie d'enseignants dans les écoles du Québec

Mise à jour : 24/10/2005 08h43
Le Québec souffre d'une grave pénurie de professeurs qualifiés et utilise les services de plus de 700 enseignants sans permis pour remédier à la situation.

Le nombre d'enseignants sans permis a augmenté de 523% par rapport à il y a quatre ans.
Ces enseignants ne possèdent pas de formation en pédagogie, mais jouissent du statut de «tolérance d'engagement». Environ 10% d'entre eux se trouvent à la seule Commission scolaire Marie-Victorin, à Longueuil.
Le ministère de l'Éducation explique cette carence par le manque de personnel qualifié au secondaire, notamment en mathématiques et en sciences.
Au début de l'année scolaire, plusieurs classes ont dû être prises en charge par des surveillants, faute de personnel.