samedi 28 janvier 2023

Faute de civières, un usager aurait attendu couché au sol au CHUS

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L’unité d’urgence de l’Hôpital Fleurimont était complètement saturée vendredi soir, si bien qu’aucune civière n’était disponible pendant une partie de la soirée. La situation aurait poussé un patient qui ne pouvait plus être debout ou assis à se coucher au sol avant d’être pris en charge par les travailleurs de la santé présents.

Des informations recueillies par La Tribune confirment que plus aucune civière n’était disponible vendredi en fin d’après-midi à l’Hôpital Fleurimont, outre celle de la salle de choc, qui doit évidemment demeurer libre pour accueillir les patients en arrêt cardiaque, par exemple.

Georgette Proulx accompagnait son frère, un homme de Val-des-Sources, atteint d’une leucémie en phase avancée à cette unité d’urgence vendredi. Aux alentours de 18 h, après une attente d’environ 6 h, celui-ci n’arrivait plus à tenir debout — ou assis —, car, selon Mme Proulx, son taux d’hémoglobine était trop bas.

«Nous avons demandé une civière à trois reprises et on se faisait dire de retourner s’asseoir, qu’il n’y en avait plus. Il s’est donc couché par terre sur nos manteaux et a finalement vomi par terre. C’est à ce moment qu’il a été pris en charge», relate-t-elle.

Mme Proulx se veut claire : elle ne souhaite pas critiquer l’attente ou le fait que l’urgence débordait. Celle qui a travaillé 42 ans dans le réseau de la santé dit comprendre la charge de travail énorme dans le secteur.

«On aurait attendu dix, douze heures s’il le fallait. Je ne comprends pas cependant qu’on ne soit pas capable d’avoir une civière pour quelqu’un qui ne peut plus se tenir. Je comprends tout le contexte, mais on devrait pouvoir avoir une solution de rechange. Quand tu vois la personne que tu accompagnes en train d’agoniser par terre, c’est assez ordinaire», lance la dame.

Elle indique que l’urgence se remplissait à un rythme infernal après son arrivée. D’après nos sources, au moins une autre patiente qui aurait dû bénéficier d’une civière a finalement été placée en fauteuil roulant en raison du manque de places couchées.

«Ce n’était pas par caprice qu’on demandait ça, c’était une nécessité», clame Mme Proulx.

Joint samedi, le secrétaire-trésorier du Syndicat des professionnelles en soins des Cantons-de-l’Est, David Lambert, n’avait pas de commentaires à formuler sur la situation, puisqu’il n’en avait pas été avisé au moment de l’entrevue.

«Je sais qu’habituellement, on finit par trouver une civière ou un lit quelque part pour accommoder les usagers», dit-il.

De son côté, le CIUSSS de l’Estrie-CHUS n’a pas souhaité émettre de commentaires, spécifiant que «la personne a été prise en charge» et que les personnes concernées assureront un suivi auprès du patient dans les prochains jours.

Samedi après-midi, le taux d’occupation de l’urgence de l’Hôpital Fleurimont se situait entre 120% et 130%, selon le site spécialisé Indexsanté. À 16h, 36 usagers y étaient sur des civières, alors que la capacité théorique de l’unité est de 28. Cinq patients étaient sur une civière depuis plus de 24 heures et deux autres depuis plus de 48h.